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La classe inversée 

Une méthode pédagogique

            A l'occasion de l'arrivée en France de la Khan Academy le Figaro du 1/7/2013 présentait l'article:"À l’avenir, on fera les devoirs à l’école et les cours à la maison". (De même L'Etudiant). C'est une méthode que j'ai utilisée durant plus de 10 ans dans des classes de secondes littéraires, premières et terminales scientifiques.

         Après l'exposé de la méthode; on pourra lire, à la fin de cette page, le témoignage d'un de mes anciens élèves retrouvé sur Facebook.

 

Une des classes qui a travaillé de cette façon

 

Avantages de cette méthode

           Elle permet de former les élèves à des compétences très utiles pour la suite de leur formation et dans leur vie:

- être capable de travailler en équipe,

- être capable d'expliquer à un autre quelque chose qu'on a compris soi-même;

- être capable d'apprendre en se servant d'un livre (et maintenant d'un cours sur Internet)

           Elle facilite aussi un travail plus individualisé du côté de l'élève et du côté de l'enseignant.

Enfin elle permet de faire travailler les élèves plus qu'ils ne le font habituellement et paradoxalement de donner moins de travail à l'enseignant !

 

Qu'est-ce qu'une classe inversée?

           Habituellement l'enseignant doit préparer "son" cours chez lui ainsi que quelques exercices d'application; puis vient la présentation de ce cours que les élèves prennent en note (plus ou moins bien !); c'est ensuite le temps des exercices d'application au tableau. Parfois, l'enseignant donne des exercices à faire à la maison; ils seront ou non corrigés en classe le lendemain.

           Dans une classe inversée, on inverse: le temps à la maison est consacré à apprendre le cours sur un livre ou sur Internet, et le temps en classe est celui des exercices et explications de l'enseignant.

 

Un descriptif possible du déroulement (comme je l'ai pratiqué)

        A début de l'heure (ou des deux heures en Terminale) je commençais par la présentation d'un chapitre du livre que les élèves auraient à étudier chez eux; je signalais les paragraphes importants et à travailler, ceux à simplement lire et ceux qu'on pouvait sauter. (Je pense qu'on pourrait faire la même chose avec Internet en donnant en particulier les adresses du site et des pages à consulter ou comme à " Singapour, où chaque élève dispose d'un ordinateur à l'école, de tablettes mais aussi de caméras vidéo. Les leçons de cet enseignant singapourien sont ainsi transférées sur un site Internet: «Mes élèves les utilisent par le biais de leur téléphone ou de leur console de jeu, pendant les temps de transport», explique-t-il." Le Figaro 2/9/13); ceci durait environ 5 à 10 minutes au plus (les élèves prenant des notes)

           Puis j'indiquais sur le livre les exercices ou travaux qu'il pourrait être intéressant de faire (actuellement, selon les possibilités de l'établissement certains élèves pourraient, je pense, se servir d'Internet) et je demandais alors aux élèves de travailler ces exercices en groupe.

          Pour cela la classe était répartie en groupes de 3 ou 4 élèves (deux tables inversées et l'une contre l'autre) les élèves se faisant face.

           Dans un premier temps les élèves se mettaient à travailler en groupe; ils partageaient les difficultés rencontrées dans l'étude du chapitre chez eux; certains expliquaient à ceux qui n'avaient pas compris ; si tout le groupe butait sur une même difficulté il pouvait m'appeler. J'allais dans ce groupe expliquer ce point.

           Dans un deuxième temps les élèves d'un même groupe choisissaient un exercice dans leur livre, sur des feuilles d'exercices distribuées ou dans d'autres livres (bibliothèque en classe constituée des spécimens reçus), puis le travaillaient, en général en deux périodes, une phase individuelle suivie d'une mise en commun dans le groupe ou certains élèves expliquaient à d'autres ce qu'ils avaient fait ou trouvé. Ils avaient la possibilité (en levant la main !) de m'appeler pour les dépanner.

           Je pouvais donc durant l'heure de cours, soit répondre aux demandes des groupes qui m'appellaient ou travailler avec un élève qui avait des difficultés importantes.

           Il arrivait qu'en circulant au milieu des groupes je constatais que beaucoup d'élèves avaient une même difficulté. Alors je demandais à la classe de faire silence quelques instants et j'exposais cette difficulté et en proposais une solution au tableau pour tous et les groupes reprenaient ensuite leur travail.

 

Évaluation du travail des élèves

          C'est à chaque enseignant d'inventer sa façon d'évaluer. Pour mon compte et à cette époque je pratiquais le devoir sur table une fois par quinzaine en première et une fois par semaine en terminale scientifique. Ce devoir était fait une fois sur deux en groupe (tous les élèves du groupe avaient la même note) et l'autre fois individuellement. Ce qui me donnait une double vision du niveau du groupe et de celui de chaque élève (et un nombre moins grand de copies à corriger ! ! !)

 

Les précautions à prendre vis-à-vis des élèves, des parents, de l'administration

           Quand on se lance dans cette méthode il faut s'attendre à bien des "résistances !

           - des élèves qui se rendent vite compte que cette méthode est bien plus exigeante et leur demande bien plus de travail

           - des parents qui désirent souvent que leur enfant apprennent comme de leur temps et de l'administration qui ne veut pas d'histoire !

           Il sera donc nécessaire d'expliquer longuement à tous pourquoi on fait cela et les avantages qui en résultent.

      Il est plus prudent de commencer doucement en choisissant une classe avec laquelle on se sent à l'aise, et avec une leçon facile à apprendre et seulement pour une heure ou deux puis recommencer plus tard en ajustant en fonction des difficultés rencontrées.

 

Les difficultés et avantages pour l'enseignant

Les avantages sont évidents:

           Pas de cours à préparer. moins de copies à corriger.

Rapport d'inspection (1979) de l'I.G. Sausser

 

 Les difficultés sont moins évidentes:

           Il y a une jonglerie de l'esprit à laquelle il faut s'habituer car le passage de groupe en groupe m'obligeait à suivre les raisonnements d'élèves confrontés à des exercices différents, que je n'avais pas faits à l'avance; Il faut comprendre rapidement de quel type d'exercice il s'agit, où est la difficulté et pouvoir donner une piste de recherche valable en répondant à des questions très variées.

           Enfin cela demande d'avoir une image de soi suffisamment solide pour pouvoir dire parfois à des élèves << Écoutez là je ne vois pas comment faire, je vais chercher; passez à un autre exercice et quand j'aurai trouvé on le reprendra ensemble>>

           Paradoxalement il faut aussi être capable de ne rien faire ! ! C'est ainsi que je passais certaines heures assis à mon bureau sans rien faire (avec le plaisir de voir ma classe travailler seule ! ...et la jalousie de collègues qui me voyaient au passage !) Évidemment à d'autres heures j'étais épuisé car je courais de groupe en groupe avec cette gymnastique de l'esprit indispensable pour s'adapter rapidement à des exercices différents et à des questions variées. !

 

Témoignage d'un ancien élève retrouvé sur Facebook

          <<Mai 68 venait de passer par là, avec une année de seconde passablement tronquée et je rentrais en classe de 1ère C. Nouveaux professeurs, nouveaux camarades, et, encore plus surprenant, un agencement de la salle de maths complètement inédit pour nous à l’époque : une demi-douzaine de carrés avec 5 ou 6 chaises autour… Notre professeur, Jacques Nimier, nous expliqua alors que nous allions travailler par groupes, et que ce seraient les meilleurs élèves qui expliqueraient à ceux qui avaient le plus de difficultés.

 

           Notre table regroupait 3 des meilleurs éléments de la classe et 3 élèves moins performants. Je dois à la vérité de dire que je ne me souviens parfaitement que de mes deux camarades les plus brillants… Mais ce qui m’a le plus marqué est à la fois le plaisir que nous avions à expliquer aux autres les exercices qu’ils ne parvenaient pas à faire et l’attention extrême qu’ils nous portaient. Le prof déambulait dans la classe pour simplement surveiller si tout se passait bien et donner quelques pistes. Contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, je ne me souviens pas de brouhaha particulier, nous parlions bas et écrivions beaucoup… Ma seule frustration (mineure) était de rarement passer au tableau !

 

           Mes souvenirs sont plus flous quant aux devoirs en classe, pour lesquels nous rendions copie unique, mais certainement ce n’était pas seulement les 3 plus forts qui rédigeaient. Nous discutions notre démarche ensemble et ensuite la rédaction allait de soi.

 

           L’expérience continua en terminale, et pour autant qu’il m’en souvienne les résultats de la classe au bac furent excellents, en particulier en maths. C’était la seule matière dans laquelle nous pratiquions cette nouvelle technique. Je la pratiquais par la suite un peu en classe préparatoire, y compris pour les devoirs « à la maison » qui se faisaient en fait par petits groupes réunis dans la classe le mercredi après-midi.

 

           Je ne sais pas si l’expérience fut aussi enrichissante pour les élèves qui avaient le moins de facilité, mais pour les meilleurs ce fut une expérience inoubliable qui en tous cas m’a préparé à aborder des situations de la vie professionnelle où il faut expliquer certains points complexes à des non-spécialistes ou à de jeunes collègues moins expérimentés.>> Philippe Charpentier qui a fait polytechnique puis a travaillé au Commissariat à l'Énergie Atomique

 

Pour comprendre comment j'ai pu organiser ma classe en groupes, voir la vidéo sur la page: http://www.pedagopsy.eu/espace_classe.htm

 

Si cette méthosz se généralisait, elle demanderait q'une "formation clinique" des enseignant soit organisée dans les ESPE

 

Des sites intéressants sur ce sujet de la classe inversée

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/

 http://www.classeinversee.com/etapes-pour-bien-demarrer/

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<<En terminale et en philosophie, j’y viens aussi pour des raisons humaines qu’il ne sert à rien de nier: le cours frontal, même avec des relances de temps à autre venant des élèves, c’est mort. La prise de notes efficace est rare, la patience est confondue avec la passivité, le travail à la maison sur les contenus de cours extrêmement rare, et les devoirs contaminés par le copier-coller... Donc, à la place, les mots-clefs essentiels, quelques textes à lire à la maison, mais pas le livre à apporter en classe (encore une lutte stérile!), puis l’exercice que j’ai fabriqué, et je circule pour relancer, réaiguiller, souvent encourager, tranquilliser, et faire une synthèse finale. Difficultés: les locaux, le mobilier, les horaires. En voie de règlement: les élèves pas encore tous capables de travailler ainsi, certains de mauvaise foi d’ailleurs>>

<<je découvre votre pratique... j’enseigne en IME (Institut médico éducatif). Cela ne resseemble en rien à vos classes, mais... tout à coup.. je me dis.. pourquoi pas??? Au plaisir de vous lire et de correspondre, peut-être? Odile.>>

<<Je voulais vous signaler qu’en tant que collégienne dans les années 60, un de mes prof d’hist-géo,précurseur avant l’heure, avait pratiqué ainsi : nous préparions la leçon chez nous avant la séance et ainsi, nous avions les éléments pour en discuter avec lui en cours. C’est la seule année où je ne me suis pas ennuyée dans cette matière et où j’ai appris malgré moi. Cela ne date donc pas d’aujourd’hui et fait partie des ex que je donne pour étayer mon cours en MI sur la démarche clinique-dialogique en éducation et formation.>>

<<Une méthode magnifique. Comment mettre les élèves en collaboration, et au travail ! A lire absolument le rapport d'inspection, une merveille.>>

<<je m’interesse de pres a la classe inversee et je suis en train de mettre en place un site a destination des enseignants contenant des ressources et notamment des témoignages d’enseignants ayant inverse leur classe (www.laclasseinversee.com). Votre expérience m’intéresse énormément. Seriez-vous partant pour une interview? Bien cordialement,>>

 

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