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Les différentes dimensions de la formation des enseignants  

 

          On parle de la formation des maîtres en sous-estimant le plus souvent sa complexité et ses différentes dimensions que nous développerons ci-dessous :

Ce texte est paru également sur le site:

Ecole changer de cap !

 

 

Les structures

          C’est la dimension qui est le plus souvent sur le devant de la scène, celle que les gouvernements font varier en premier. Ainsi, on a pu constater la disparition des « Ecoles Normales », des « C.P.R. » (Centre pédagogique régionaux) , des « M.A.F.P.E.N ». et enfin pratiquement des « I.U.F.M. ». Le gouvernement précédent à coté de ses préoccupations d’économie, a voulu mettre une certaine «rationalité» dans les structures :

 - La formation initiale devient de la responsabilité des Universités (comme dans beaucoup de pays)

 - Le recrutement et la formation continue du ressort de l’employeur, l’Education Nationale.

        Ceci paraît logique mais pose bien des problèmes qui demanderont du temps pour produire des effets. Les universités ont à peine (et c’est beaucoup dire !) commencé leur réflexion sur la réforme pédagogique de leur propre enseignement afin d’éviter les nombreux échecs résultant de leur façon d’enseigner dans le premier cycle. Peut-on leur demander de penser et organiser l’aspect pédagogique de la professionnalisation des futurs enseignants du primaire et du secondaire ? Cela dépendra, sans doute, des départements et des universités. Le gouvernement actuel parle de transformer les IUFM en ESPE (Ecole Supérieure du Professorat et de l'Education) ou (écoles supérieures de pédagogie et d'enseignement) on ne sait pas trop ! ! (ESPE) pour changer la formation des enseignants! Le remplacement d'"Institut" par "Ecole" renvoie à Ecole normale, Grandes Ecoles et utiliser le terme de "Supérieur", plus large, à la place d'"Universitaire" et celui de "Professorat et Education" au lieu de "Formation des maîtres" n'est sans doute pas sans signification !

         Dans cette dimension se trouve la structure des concours de recrutement. On sait d’expérience que le concours de recrutement des enseignants conditionne la formation initiale.

Si le contenu des concours ne change pas il n’y aura pas de changement dans la formation initiale.

Voire les problèmes qui se posent au niveau des structures: Gouvernance des académies : Quelles perspectives ?

 

Les méthodologie

          La dimension des méthodologies utilisées pour la formation des maîtres est excessivement importante. En effet, en vertu du principe d’isomorphisme, elle conditionnera la façon dont les futurs enseignants enseigneront dans leurs classes.

           Si l’Université utilise principalement des cours ex-cathedra, on peut s’attendre à ce que les enseignants fassent de même et qu’il n’y ait aucune évolution dans les méthodes d’enseignements actuelles.

          On parle ensuite de "compagnonnage" pour l’entrée dans le métier, c’est un terme chargé d’une longue tradition ! Mais que mettra-t-on dessous ? Retrouverons-nous les "tuteurs" des anciens CPR, "bons professeurs" venant assister, du fond de la classe, à quelques cours des stagiaires puis délivrant des "conseils" ? Ces tuteurs seront-ils des "aides" ou des "évaluateurs" dont les rapports serviront à la titularisation ? Le choix de ces tuteurs conditionne le "compagnonnage" et le choix des formateurs dans l’E.N. repose, lui aussi, sur une certaine méthodologie.

 

          Le véritable compagnonnage devrait se faire dans des GAPP (c’est-à-dire en groupe et non individuellement) . L’utilité de ces derniers va se faire de plus en plus sentir. Il est peut être bon de comprendre leurs origines, la nécessaire "supervision" de leurs animateurs, leur efficacité pour l’accompagnement dans le métier.

 

Les processus de formation

          Ce qui se joue à travers ces conflits sur la formation des maîtres, c’est le choix des processus qui serviront à animer l’institution E.N dans l’avenir.

 

D’un côté certains désirent conserver (ou retrouver) les processus de fonctionnement qui ont été utilisés jusqu’à présent :

 "l’identification" : la formation d’un maître se fait par identification à un modèle de "bon professeur" choisi par l’institution (celui auprès duquel le maître effectue son stage par exemple )

*la "transmission des connaissances" faite par des "enseignants du supérieur", de tout ce que « le bon enseignant » doit savoir, en particulier dans sa discipline mais également en didactique, en psychologie de l’adolescent etc...

 *"le compagnonnage" par un enseignant sensé pouvoir "juger" la façon de faire de son stagiaire, et lui donner des "conseils" (voir les C.P.R. d’autrefois)

 *"le temps" sensé pouvoir apporter un progrès par sa seule durée. (un professeur d’expérience !) alors qu’un enseignant isolé sans confrontation ne peut que répéter ses façons de faire.

 

D’un autre côté, d’autres s’appuie sur des formations de maîtres basées sur de nouveaux processus utilisés en formation d’adultes :

 *"l’aide" apportée par des formateurs professionnels à des stagiaires pour développer les capacités d’enseignement, de communication qui sont en eux ; pour les aider à découvrir leur originalité dans ces domaines et leur permettre de les mettre au service de la communauté.

 la "construction de connaissances" qui part des besoins des stagiaires (différents pour chacun), des événements rencontrés dans leurs stages et qui leur ont posé problème, et non d’un corpus pré-établie.

 * "la coformation" organisée par les formateurs professionnels, permettant aux stagiaires de s’enrichir mutuellement suivant leurs expériences et leurs capacités.

 *"la confrontation des représentations" Dans la coformation organisée se joue la confrontation des représentations des stagiaires sur les méthodes d’enseignement, sur les objectifs à atteindre, sur les élèves, leurs rôles etc.. c’est cette confrontation qui est source de l’évolution des stagiaires, de leur changement, de leur vision plus large, plus complexe des situations.

 "le principe d’isomorphisme" qui demande que la forme utilisée dans la formation (méthodologie...) soit la même que celle attendue dans les classes par la suite (méthodes actives, démocratie, échanges, reconnaissance, respect du cadre...). Autrement dit une attention aussi grande à la forme qu’au fond dans la formation.

 

          A travers ce débat se jouent, non seulement la formation des maîtres, mais également par "isomorphisme" les processus qui seront utilisés en classe par les enseignants :

- Transmission des connaissances ou construction des connaissances ?

- identification des élèves au maître ou aide du maître au développement des capacités propres à chaque élève ?

- information et formation effectuées uniquement par le maître ou utilisation de la coformation entre élèves ?

- développement coûte que coûte d’un "programme rigide" ou utilisation des questions, événements, situations rencontrées par les élèves dans un "programme cadre" ?

- instruction à partir de savoirs tout faits ou formation à la réflexion à partir de confrontations de représentations ?

           L’enjeu est de taille et explique la dureté de la confrontation et de toute réforme. En effet tout cela ne touche pas à des "connaissances" seulement, mais à des conceptions :

- de "la connaissance" (savoir tout fait ou à construire continuellement),

- de la relation maître/élève (quelqu’un qui instruit un autre ou quelqu’un qui aide, organise...),

- de ce qu’est un formateur (un modèle ou un aide, un organisateur),

- du rôle du maître dans une classe ("instruire" ou "instruire et éduquer"), etc...

Les représentations de la personne du futur maître

          Après les révolutions épistémologiques qui ont résulté successivement des découvertes

 de Copernic, (la terre et donc l’homme n’est pas au centre du monde)

de Darwin (l’homme n’est pas "à part" dans le monde mais dans une lignée),

de Freud (l’homme ne maîtrise pas toutes ses pensées, toute son action, il y a l’inconscient)

 la révolution de la complexité (Edgar Morin) et des Systèmes apporte un renversement de la démarche purement cognitive et se détourne des conseils de discontinuité donnés par Descartes. (La logique déductive de l’homme n’est pas toute puissante).

           La personne devient un système complexe mu par des processus nombreux, biologiques, cognitifs (processus inscrits dans notre cerveau sous forme de schèmes) mais également psychiques (sous forme de fantasmes conscients et inconscients).

          Autrement dit, l’homme, découpé en morceaux, en stades ou en fonctions indépendantes, est considéré globalement comme lieu de tensions internes en interaction avec la réalité qui l’entoure.

 

On peut comprendre que suivant la représentation que l’on a de la personne humaine on ne formera pas les enseignants de la même manière !

 

          Une formation qui s’appuie sur l’acquisition de « bonnes pratiques », de « transmission de gestes professionnels », qui cherche à donner des « outils de maîtrise » de la classe ou des élèves est le fait d’une conception de la personne découpée en tranches indépendantes.

On pense pouvoir former le comportement d’un enseignant indépendamment de sa personne.

 

          Au contraire si on a une conception plus complexe de la personne (du maître et des élèves) on sait que ce futur maître sera confronté à de multiples situations complexes et imprévues et qu’il s’agit avant tout de faire une formation personnelle du futur enseignant pour développer ses capacités d’écoute, de créativité, de compréhension des phénomènes humains (conscients et inconscients) de façon que devant une situation imprévue il puisse trouver, en lui et lui-même, l’attitude appropriée à cette situation.

 

          La différence est considérable et on en parle assez peu dans les polémiques qui portent la plupart du temps sur les structures. C’est pourtant là que se situent les choix qui conditionnent le reste. Une prise de conscience de cette complexité de la formation des maîtres est nécessaire si on veut répondre de façon efficace à cette question de plus en plus cruciale pour l’avenir de l’école et de la société.

 

 

Voir aussi

http://www.cafepedagogique.net/colloqueIf

Formation des enseignants: Ecole changer de cap

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Commentaire

Réactions

<<Merci pour votre lettre qui fait bien penser. Ci-après à partir de votre lettre sur le passage: "A travers ce débat se jouent, non seulement la formation des maîtres, mais également par "isomorphisme" les processus qui seront utilisés en classe par les enseignants : -transmission .... ou construction des connaissances? -identification des élèves au maître ou aide du maître au développement des capacités propres à chaque élève? -information et formation effectuées uniquement par le maître ou utilisation de la coformation entre élèves? -développement .... programme rigide ou utilisation des questions évènements.... programme cadre? -instruction à partir de savoirs tout faits ou formation à la réflexion à partir de confrontations de représentations?" Donc je me risque à quelques éléments de réflexion au fil de ma pensée donc en vrac. Dans les problématiques que vous posez sur les processus et les conceptions le "ou" est-il inclusif ou exclusif? Il me semble que suivant les problématiques rencontrées par un enseignant les processus à choisir peuvent être variables. Dans les formations il pourrait y avoir une réflexion sur les différents processus et une prise de conscience sur les différentes conceptions pour aller au-delà d'un choix binaire par exclusion. Il me semble que la prise en compte des contextes est aussi à penser en fonction des facteurs sociaux, culturels, idéologiques, économiques..... Il me semble qu' une formation sur les représentations voire les préjugés les stéréotypes serait nécessaire. Mais tout le monde est peu capable de se remettre en question. Certains enseignants, conseillers pédagogiques, IEN, psychologues veulent tout contrôler tout maîtriser et laisse peu la place à ceux qui s'expriment différemment! Las d'avoir en perspective la guillotine, certains qui n'ont pas les habiletés pour s'affirmer dans le respect et avec humour laissent les autres penser et s'exprimer à leur place. La remise en cause des certitudes et de certaines croyance est donc bien difficile à remettre en question. Il me semble qu'initialement apprendre à penser son cadre de travail, sa place par rapport aux acteurs de l'école est essentiel sans oublier l'éthique le climat de classe, d'école. Une formation initiale professionnelle est importante pour acquérir les premiers petits cailloux blancs qui permettent de trouver son chemin pour exercer sa profession. Mais penser la formation permanente me semble tout aussi importante. Or elle est négligée. Je suis étonnée que les acteurs connaissent peu les pratiques professionnels de leurs propres collègues. Pourtant des échanges professionnels entre les mêmes acteurs ou des acteurs différents pourraient permettre de mieux connaitre les missions, rassurer, faire baisser son stress, s'enrichir en gestes professionnels et mieux travailler ensemble sur des problématiques difficiles. Savoir repérer et gérer son stress c'est très important pour gérer une classe! Mais Il y a peu d'espace et de temps pour des échanges professionnels. Et pourtant il me semble que les enseignants sont demandeurs d'échanger leurs pratiques professionnelles avec aussi l'éclairage des connaissances théoriques toujours en chantier des chercheurs ou enseignants chercheurs. En effet quels sont les points de repère qui permettraient de donner les moyens de gérer l'incertitude? Avoir une palette de théories, de procédures, des "outils" ? Quelles grilles de lecture avec quels points de repère théoriques et méthodologiques? Pour quelles situations? Dans quel contexte? Il me semble que se doter d'outils pour mieux penser son cadre de travail et sa place dans l'institution permettrait de mieux gérer ses émotions dans des situations qui peuvent surprendre. À l'école les situations peuvent parfois se montrer plus ou moins stabilisées et parfois même prêtes à se déséquilibrer. Des erreurs grossières et maladroites pourraient aussi être évitées en mieux préparant les enseignants à penser leurs relations et leur place vis à vis des autres acteurs comme ceux de l'ASH les IEN, les élus, les parents, les EVS/AVS.... Les confusions de place sont dommageables et empêchent me semble-t-il une pratique professionnelle sereine! Il me semble que l'enseignant débutant ou plus confirmé devrait se sentir plus soutenu par un travail d'équipe et devait pouvoir enlever son costume de faire semblant de tout savoir et de tout contrôler. Mais là nous tombons sur un paradoxe "le maître sait" il ne peut pas dire qu'il ne sait pas! À l'heure de l'accessibilité à l'information comment construire le Savoir professionnel? Comment faire ressentir la différence entre penser, réfléchir, élaborer? Comment ne pas tomber dans des pratiques professionnelles qui tournent à vide qui font semblant juste pour passer un concours une évaluation? Pourquoi une formation en psychologie du développement de l'enfant de l'éducation est si peu prise en compte de façon globale? En effet, il y a une tendance à expliquer les difficultés scolaires de façon parcellaire, segmentée, unidimensionnellement soit par le tout santé, soit par le tout psychopathologiste, soit par la mauvaise éducation des parents. Dans certaines "feu IUFM" il y a peu de formation en psychologie de l'enfant et des adolescents par des enseignants chercheurs de cette discipline. Bon j'ai peut-être tendance à prêcher pour ma paroisse. Mais en tant que professeur des écoles ayant repris une formation en psychologie depuis 2005, beaucoup de réponses ou plutôt de grilles d'analyse m'ont été données par cette discipline. ! Depuis cinq ans j'exerce la psychologie à l'Éducation Nationale. J'observe des pratiques "pédagogiques" excluant humiliantes injustes pour l'élève qui n'a pas la chance d'avoir des parents l'accompagnant ou de croiser sur son chemin le pédagogue enseignant qui le sauve en croyant en lui! Je continue à me former par la recherche à l'université qui permet de développer la réflexion. Pourquoi ne pas favoriser plus un travail de collaboration ou de coopération entre les professionnels de terrain, les chercheurs enseignants et cadres (IEN). Parfois il y a des programmes de recherche action en sciences humaines mis en place mais sans retour institutionnel vis à vis des participants, enseignants et de l'équipe de circonscription. C'est bien dommage car on perd l'occasion d'un échange entre ceux qui garantissent le Savoir et ceux qui l'utilisent! Il me semble aussi important d'avoir aussi toute une réflexion et une formation d'ordre épistémologique sur l'usage de la connaissance construite dans un champ disciplinaire et appliquée dans un autre domaine. Avoir une réflexion sur l'usage des connaissances en psychologie et plus largement en ressources humaines me semble nécessaire voire fondamentale pour éviter les effets pervers. Il me semble donc que tout au long de sa vie professionnelle, la complexité est à élaborer, à penser de façon singulière mais aussi à plusieurs avec l'autre. Il me semble que cela apporte du dynamisme à toute pratique professionnelle qui sinon me semble-t-il risque de se figer. Ce que j'observe dans certaines écoles, c'est peu la prise en compte de l'évolution de notre société. J'ai l'impression que l'instituteur continue à s'adresser aux futurs citoyens mais que les parents s'adressent à l'enseignant pour que leurs enfants soient le seul meilleur tout seul sans les autres. Mais au fait que veut notre société? Quelles valeurs à transmettre? Que le meilleur gagne en favorisant la théorie des dons, la croyance en l'intelligence? Merci pour votre patience à lire ce long message très spontané donc pas du tout académique. >>

<<Les travaux d’Antoine de la Garanderie, ça vous dit quelque chose ?>>

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