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Mâle/femelle - masculin/féminin - homme/femme?

<<Or, de quoi sont faits les débats actuels ? D'une confrontation de plus en plus violente entre ceux qui se trompent en soutenant qu'"il n'y a que le sexe" et ceux qui se trompent en soutenant qu'"il n'y a que le genre". La première position est incarnée par les franges subsistantes de l'ancien discours du patriarcat [domination du mâle et du père] et par les milieux religieux qui, toutes obédiences confondues, tiennent à peu près ce discours : Dieu a voulu que l'espèce humaine soit divisée entre hommes et femmes, d'où il s'ensuit que le sexe n'a pour finalité première sinon exclusive que la reproduction de cette espèce. Mais, bien sûr, ce déni des activités fantasmatiques et érotiques s'expose à subir de sérieux retours du refoulé, par exemple, le syndrome pédophilique dont ont été suspectés bon nombre de prêtres.

De l'autre côté, il y a ceux qui soulignent qu'il est dans la vocation de l'humanité de s'affranchir des normes de la nature - c'est cela même qu'on appelle culture. La question est de savoir jusqu'où. S'en affranchir est une chose, les récuser une autre. Ce serait là nier l'antécédence de la vie sur la parole. Je m'appuie là sur un axiome, comme tel indémontrable, mais évident par lui-même : d'abord, je vis et ensuite je parle.>> Une loi entre sexe et genre par Dany-Robert Dufour, professeur de philosophie de l'éducation à l'université Paris-VIII Le monde 31/01/2013

Une synthèse de mes réflexions, de mes lectures et de mon expérience.  

        Le "genre": une question qui concerne tous les enseignants.

He oui ! pas seulement les profs de SVT ! Nous sommes tous concernés par cette question dans notre travail d'enseignants. Comment traitons-nous dans nos classes les élèves garçons ou filles? Punissons-nous davantage les garçons (parce qu'ils le réclament inconsciemment comme le prétend un sociologue)? Questionnons- nous davantage les filles comme le déclare un autre?

De plus "le genre" pose aussi les questions de la fonction de l'enseignant (instruire et/ou éduquer), de l'interdiscplinarité dans l'enseignement et du type de formation des enseignants en relation avec certains objectifs (voir Formation personnelle des enseignants)

 

Un point qui me semble acquis: la distinction de 3 plans

(Voir Qu'est-ce que le psychisme)

 Le plan biologique

     C'est celui du sexe, des hormones des chromosomes avec, comme le précise Marie-Françoise Bonicel, certaines ambiguïtés anatomiques; c'est le plan biologique dans lequel on utilise les termes Mâle et Femelle qui renvoient à ce que nous avons de commun avec l'animal (Darwin).

          Mais parler de sexe masculin ou féminin introduit déjà quelque chose de plus que le biologique.

 

 Le plan sociologique,

           C'est-à-dire celui des caractéristiques communes aux individus d'un groupe; que ce groupe soit communautaire, national, religieux, professionnel, sexuel....

           On parlera alors de "comportement masculin" ou "genre masculin" et de "comportement féminin" ou "genre féminin" pour caractériser des sous-groupes. On dira par exemple qu'il y a des mêtiers masculins et d'autres féminins, que les hommes portent une cravate, sont agressifs... que les femmes sont tendres, portent des robes, que les garçons jouent avec des armes et les filles avec des poupées,... (affirmations très relatives pas très éloignées du stéréotype ou du préjugé)

 

           Le comportement est quelque chose "d'extérieur" à l'individu; il est visible par tout le monde (à la différence de la honte ou de la culpabilité, par exemple, qui sont des sentiments "internes" à l'individu et dont l'expression n'est pas forcément visible).

           Parler de "sexe masculin, féminin" c'est déjà faire savoir qu'il ne s'agit pas d'un animal. On introduit quelque chose d'autre que le biologique puisqu'on définit ainsi des caractéristiques de sous-groupes sociologiques.

 

Le plan psychologique,

c'est-à-dire ce qui est particulier à un individu (un sujet homme ou femme) pris isolément.

- On parlera alors du ressenti: "je me sens un homme", "je me sens une femme". C'est la question de "l'identité sexuelle " de l'individu. Elle renvoie à la manière dont cet individu perçoit et vit son sexe biologique et sa place dans les sous-groupes sociologiques du masculin et du féminin. Le féminin et le maternel ne sont pas l’exclusivité de la femme, et les hommes n’ont pas l’exclusivité du paternel et du masculin. Cette identité sexuelle s'inscrit dans le langage (c'est un homme, c'est une femme ou encore c'est une meuf, c'est un pédé, c'est un mec...)

- On parlera encore de "désir propre à un homme ou à une femme donnée", de son "orientation sexuelle" (désir hétérosexuel, désir homosexuel, désir pédophile, désir pervers....), désir associé, pour chaque individu à des modalités, des fantasmes et des conditions particulières. L'imaginaire a là toute sa place.

 

 

Les points qui seraient à approfondir

 

L'interaction du biologique et du social

Dans quelle mesure un "comportement masculin ou féminin " dépend-il du biologique?

 

         Dans certaines sociétés le port de la jupe est un comportement féminin ailleurs c'est le contraire (kilt écossais...). Certains en concluront que le genre est une construction purement sociologique.

         Dans certains comportements le biologique paraît avoir une importance primordiale comme dans la maternité. C'est ainsi que d'autres y verront la cause purement biologique du genre.) et le biologique serait ce qui distingue de façon irréfutable le masculin du féminin

 

Dans certains cas l'interaction paraît exister sans qu'on en comprenne tous les ressorts

<<Un comportement déviant peut-il être prédit par un examen du cerveau? Des chercheurs allemands et danois lancent un pavé dans la mare en affirmant qu'une IRM (imagerie par résonance magnétique) permet d'identifier de façon fiable une attirance sexuelle pour des enfants, et même de distinguer l'orientation vers les petites filles ou les petits garçons>> Le MONDE W.E 8/10/11

Statistiquement on admet que les hommes manifestent plus d'agressivité que les femmes, mais on trouve des femmes plus agressives que certains hommes. Peut-on parler cependant d'un comportement masculin agressif ? Ce comportement serait-il lié à l'action des hormones ou inscrit dans certaines zones du cerveau, inscription qui se serait construite au cours de l'histoire personnelle du sujet grâce à "la plasticité du cerveau"? (Voir: Cerveau féminin / Cerveau masculin par Serge Ginger)

 

 L'interaction du biologique et du social avec le psychologique

           Ici intervient "la représentation que l'on a de ce qu'est "une personne" (cette représentation est d'ordre sociologique!)

 

- Conçoit-on la personne comme une unité homogène?

On pourra alors parler de "son désir" et caractériser la personne par ce désir "c'est un hétérosexuel", "c'est un homosexuel", "c'est un pervers"...

Dans ce cas il sera facile d'attribuer ce désir à une cause unique dans une vision d'un tout biologique ou d'un tout culturel.

On cherchera, par exemple, à dépister les comportements délinquants chez les enfants de moins de 3 ans (voir: "Un projet de fichage des écoliers de maternelle mobilise syndicats et parents"; Café Pédagogique);

On croira possible de changer rapidement certains comportements, uniquement par des changements culturels; en donnant du travail aux jeunes délinquants, par exemple.

 

- Ou conçoit-on la personne comme "clivée"

avec une partie consciente et une partie inconsciente?

Parties construites, aux cours du temps, à partir de multiples identifications (mimétismes diront certains); identifications à des personnes: père, mère, substitut paternel ou maternel, soeur, frère... puis enseignant, héros... le long de son histoire personnelle et unique..

Constructions à l'origine de "polarités" diverses formant "un système". La personne n'est plus vue comme "une unité homogène" autour d'un désir, d'une volonté lui permettant d'atteindre un but... mais comme "un système dynamique" dont les éléments sont des polarités qui entrent en interaction, parfois sous forme de "conflits psychiques" plus ou moins conscients.

           C'est ainsi que, pour une personne donnée, une polarité a pu se construire le long de son histoire personnelle par identification à des femmes et une autre par identification à des hommes; cette personne pourra ainsi ressentir une de ses polarités correspondant à son sexe biologique et une autre complètement différente. Il peut s'en suivre des conflits identificatoires et toujours des manques par rapport à ce qu'on souhaiterait; manques qui sont à la base des désirs.

           C'est ainsi que se pose souvent la question "suis-je un homme ou une femme?"("Suis-je un meck, suis-je une meuf?") qui est justement la question du névrosé (contrairement à la question du psychotique qui est:"est-ce que j'existe?"). C'est souvent une question qui surgit au moment de l'adolescence d'où l'importance de l'attitude de l'enseignant qui peut amplifier cette incertitude du jeune ou au contraire le rassurer.

 

<<Nous pouvons considérer la bisexualité psychique comme un espace d’articulation du féminin et du masculin autorisant l’identification à son propre sexe, et au sexe de l’autre et donc à la rencontre sexuelle.

Cette bisexualité est présente dès les origines de la vie sous une forme indifférenciée. Elle est d’origine narcissique, se situe du côté des identifications primaires et secondaires. >> BISEXUALITE PSYCHIQUE ET IDENTITE SEXUELLE

C'est dans un travail personnel de reconnaissance, d'acceptation et d'intégration dans les activités diverses de sa vie courante, de ces diverses parties d'elle-même (de sa bisexualité entre autre) qu'une personne réussit à se "reconnaître homme ou femme". C'est par ce travail que se construisent "les écarts" possibles avec la programmation biologique et sociologique dont parle Didier Martz.

          

Un garçon, pour devenir un homme, a besoin d'entrevoir sa partie féminine, de l'accepter et de l'intégrer dans ses activités sans culpabilité ni honte.

Une fille, pour devenir une femme, abesoin d'entrevoir sa partie masculine, de l'accepter et de l'intégrer dans ses activités sans culpabilité ni honte.

 

           Si un désir prédomine consciemment, cela n'empêche pas d'autres désirs, inconscients peut-être, de faire leur apparition au cours du temps (à l'adolescence, à l'age adulte...) ou sous l'influence de rencontres ou d'évènements. Et ce n'est pas parce qu'il y a désir qu'il y a "passage à l'acte".

 

           C'est une représentation plus "complexe" de la personne qui ne permet plus des jugements simplistes à l'emporte-pièce: "c'est un homo", c'est un "pervers", car les désirs sont multiples à des degrés divers chez une même personne... C'est une représentation qui permet aux enseignants de voir l'importance qu'ils ont, vis-à-vis des jeunes, dans la construction de leur "identité sexuelle". Leur exemple, leur attitude, leur parole ont un effet sur cette construction.

 

           Il reste dans cette représentation à comprendre comment le biologique et le social peuvent avoir une influence sur la construction et l'expression de ces polarités (par exemple certaines cultures, par leur "permissivité" ou par leurs "choix dominants", peuvent "autoriser ou interdire" à un sujet d'extérioriser un de ses désirs), et comment ces polarités peuvent s'inscrire dans le biologique, en particulier dans le cerveau grâce à sa "plasticité".

           Comme le dit Marie Françoise Bonicel "Nature et culture sont indisisociables". Ne retenir qu'un aspect fait partie de notre désir de simplifier la réalité ou de créer des polémiques plutôt que de chercher à comprendre la complexité de cette réalité dont une partie nous échappe toujours.

Voir aussi sur ce site:

La problématique du genre : L'Homme est il un animal comme les autres ? par Marie-Françoise Bonicel 

Quel genre de femme ou d'homme êtes-vous ?(À propos d'une polémique)  par Didier Martz

Cerveau féminin / Cerveau masculin par Serge Ginger

 

Idée pédagogique d'activités avec des jeunes

LES REPRESENTATIONS SOCIALES ET DE GENRE

DANS LE MONDE DU TRAVAIL

 

 

Voir également:

Le Monde

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gender_studies

http://fr.wikipedia.org/wiki/Queer

Le genre de certains députés

Le débat sur le genre trouble les chrétiens

Associations Familiales Catholiques (PDF)

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