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La haine est proche de l'idéal

même en mathématique

             Jean Pierre, un bon élève de terminale scientifique, a une représentation des maths idéalisée capable d'aboutir à la haine de soi (suicide)

Partie précédente de l'entretien 

N: Vous êtes autre !

E: Oui ! Et... c'est comme les sportifs qui voient la ligne au bout et qui courent, il y a rien à faire, il faut qu'ils battent cc record : moi il faut que j'y arrive et que je défonce tout ça !... Ça représente un peu aussi l'obscurité, ça sera le point obscur et... il faut pas qu'il y ait de point obscur.

N : Il ne faut pas qu'il y ait de points obscurs.

E : Dès qu'il y a des points obscurs, c'est comme un trou, et le trou ne doit pas exister, il faut que tout soit unifié, il faut...

N : Le trou ne doit pas exister...

E : ... parce que si je laisse un trou derrière moi, j'ai l'impression que je retomberais dedans, que je ne serais plus assuré en arrière. C'est un peu une conquête, il faut que derrière moi, tout soit très, très bien organisé ; cette idée de structure qui règne, il faut que tout soit bien comme il faut et que je puisse progresser comme ça... si je laisse quelque chose, alors là, c'est... et même si ça n'intervient pas après, c'est une simple question élémentaire, c'est plus fort que moi, il faut que rien ne reste. Tout doit passer par moi, il faut que je sache tout. Il y a ça aussi, c'est que je veux savoir tout, tout en mathématiques ; justement il faut que je... il faut que rien n'arrive avant moi. Pour moi, aussi, un problème c'est un test, un test de connaissance. Pour voir si... pas de connaissance, mais de niveau, pour voir si vraiment, je continue bien à rouler, ou si j'ai des difficultés quelque part. Parce que si jamais j'accroche quelque part, je me dirai, bon, bien derrière toi, tu as dû laisser quelque chose de pas clair et ce sont des signaux d'alarme. Mais c'est ma hantise de ne pas trouver quelque chose ; je m'en rappelle, en seconde, je... j'avais des crises de nerf énormes, je pleurais même, tellement il fallait que je trouve, et... là, je deviens méchant.

N: Vous devenez méchant... quand vous ne trouvez pas quoi ?

E : Vraiment, je deviens vraiment méchant, je deviens très énervé... Oui, c'est vraiment de la méchanceté ; je peux plus voir quel-qu'un... j'ai l'impression que j'ai été trahi quelque part, j'ai l'impression que tout va s'arrêter là. Ou alors j'ai l'impression que je me suis fait une fausse idée en croyant que, justement, je suivais ce cours de mathématiques et en réalité c'était juste une illusion, au premier tournant près, je suis arrêté ; ça, ça me fait peur aussi ! Jusque-là, ce n'est pas encore arrivé, parce que je n'ai encore trouvé aucune difficulté vraiment grave ; j'arrive toujours à les résoudre en un temps quand même, quand même raisonnable. Mais j'aurai toujours peur de cette difficulté insurmontable, c'est ça qui m'effraie le plus. Si jamais... je ne sais pas ce que je ferais si jamais je ne la trouvais pas. Si jamais je rencontrais cette difficulté, je ne sais pas ce que je ferais ; j'ai pensé au suicide, j'ai pensé à beaucoup de choses, parce que... Finalement, je me supprimerais. Je crois que je me suiciderais ; enfin, j'en parle comme ça librement, mais quand on est devant...

N: Ça, c'est autre chose...

E: Oui... ça, j'en suis très conscient, mais en réfléchissant bien, je crois que je me suiciderais, toujours en parlant, parce que je ne peux pas admettre ça ; j'aurais tout misé là-dessus, je me serais donné corps et âme à cette merveilleuse chose, et puis je me rendrais compte qu'on m'a trompé depuis le début, ça je ne pourrais pas, j'ai l'impression que je ne pourrais pas survivre. Pour moi, c'est quelque chose de sacré, c'est quelque chose de ... ça m'appartient presque, je crois que... les mathématiques, ça m'appartient...

N : Ça vous appartient, c'est à vous, quoi !

E :Oui... justement, parce que je crois que j'ai trouvé des petites... je me construisais quelque chose ; alors je me disais : oui, il y a que moi qui ai trouvé ça, c'est mon trésor, c'est à moi, je ne veux pas qu'on y touche. Alors, si je vois que c'était faux, qu'on s'est moqué de moi, que rien ne m'appartient, alors je me retrouve tout seul et puis là, je ne sais plus où me tourner... je crois que j'ai vraiment tout misé sur les mathématiques. Et j'ai vraiment bon espoir, parce que ça fait tout de même trois ans que je suis comme ça, et ça se passe très bien... Je suis assez confiant dans l'avenir.

N : Ça se comprend puisque vous avez trois années derrière vous, ce n'est pas comme si vous démarriez.

On peut voir également:

De l'idéal à la haine

Prévenir le suicide

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