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A propos de l'autorité

Jacques Salomé.  

 

Les enfants n'écoutent pas ce qu'on dit ou ce qu'on fait, mais entendent ce qu'on est

 

        Qu'elle soit liée à un parent ou à un enseignant, l'autorité est devenue rarissime, ce qui fait qu'elle est de plus en plus recherchée. L'autorité parentale en ce début du XXI° siècle est devenue quasiment un mythe, qui brille par son absence. Nous en parlons avec gravité, comme d'un défunt, chacun regrettant sa disparition, son inexistence, même si on en critiquait (autrefois) les modalités d'application.

          Nous la regrettons en évoquant sa disparition ou sa rareté. Nous la critiquions au temps de sa splendeur, dans un passé plus ou moins lointain, touchant à l'enfance de ceux qui ont largement dépassé le mitan de leur vie.

 

  Où est l'autorité?

          Nous la recherchons sans toujours la trouver, nous l'invoquons en espérant qu'elle n'a pas totalement disparue. Nous tentons de la ressusciter… mais elle semble se dérober ou alors ses manifestations sont décourageantes car trop réactionnelles et inadaptées ou au contraire si faibles qu'elles nous désespèrent ! Nous faisons parfois appel à des références psychologiques, voire psychanalytiques pour justifier à la fois sa nécessité et son absence. Nous avons la tentation d'avoir recours à des menaces, pensant qu'elles seront plus efficaces que notre impuissance, nous nous réfugions derrière l'idée de sanctions pouvant venir de la vie, de l'extérieur, de école (pour les parents) des parents (pour les enseignants), des services sociaux, de la police (de proximité ou celle plus aveugle des commissariats) ou encore, en désespoir de cause, des juges, quand tous les autres moyens semblent avoir échoués. Et nous nous étonnons quand même de ne pas obtenir plus… de résultats.

 

Autrefois...

          Autrefois, l'autorité parentale, était surtout exercée par les hommes. Ces bribes de pouvoir qu'ils détenaient, ils ne laissaient à personne d'autres le soin de les exercer. Les hommes qui pensaient, à cette époque là avoir de l'autorité, étaient surtout des pères, en oubliant d'ailleurs le plus souvent d'être des papas ! Le concept d'autorité (et toutes les mythologies qui pouvaient s'y rattacher) était assimilé à la détention d'un droit qui justifiait l'exercice d'un pouvoir fait de contraintes, de coercitions ou même de violences possibles. Les pères, détenteurs de l'autorité parentale, étaient censés détenir une force qui leur donnait le droit de punir, de sanctionner, de priver, de rejeter, de désavouer ou d'obliger… Bien sûr les modalités différaient d'un milieu socio- économique à l'autre, mais on retrouvait quelques points communs, avec entre autres, un certain nombre d'obligations autour du droit d'exiger et de devoirs à assumer.

Et les principaux devoirs à assumer étaient

· un devoir de présence et de témoignage des contraintes sociales.

· un devoir de sécurité face aux besoins de survie (nourriture, vêture, logement, protection physique)

· un devoir d'écoute et de respect par rapport aux besoins relationnels d'un enfant (pourvoir se dire, être entendu, être reconnu, être valorisé, besoin d'intimité, besoin d'influencer son environnement et besoin de rêver !).

 

          Le droit d'exiger, se répartissait autour de différents droits que les pères exerçaient de façon très variables.

LE DROIT, LE DEVOIR ET LA CAPACITÉ D'INTERDIRE ET DE SANCTIONNER voire de punir. C'est-à-dire de provoquer du désagrément chez l'enfant en lui imposant des frustrations, à partir de limites, de privations, d'interdits. En provoquant parfois de la douleur soit physique (la fameuse fessée) soit psychologique (dévalorisation, culpabilisation……) relationnelles (isolation, mise en pension) censée donner à l'enfant une " bonne leçon " pour l'iciter à ne plus recommencer !

LE DROIT, LE DEVOIR ET LA CAPACITÉ À RÉPRIMANDER, c'est-à-dire d'exprimer fortement, puissamment une critique, un jugement de valeur ou un refus. Cela allait du "gronder " à " engueuler !"

Sermonner, comparer, évaluer ce qui aurait dû être fait ou pas fait faisait partie de l'arsenal de base de la réprimande.

LE DROIT, LE DEVOIR ET LA CAPACITÉ DE MENACER, soit d'une punition, d'une privation possible dans l'immédiat, soit par un anathème pour l'avenir, la promesse d'une punition et même d'une catastrophe plus lointaine (ou même divine) avec des perspectives de vie humiliante, dévalorisante ou de déchéance.

LE DROIT, LE DEVOIR ET LA CAPACITÉ DE RÉCOMPENSER, c'est-à-dire d'offrir certaines choses agréables, de donner du plaisir (pas trop quand même !) en anticipant ou en comblant des désirs, des aspirations ou des demandes. En promettant aussi des satisfactions à venir, pour encourager à rester dans la bonne voie !

LE DROIT, LE DEVOIR ET LA CAPACITÉ À COMPLIMENTER, en donnant à l'enfant le reflet d'une image positive, en mettant en avant et en valorisant un aspect particulier de sa personne, de son caractère ou de son comportement. Mettre en évidence une réussite, une compétence, ou un résultat particulier et même le donner en exemple.

LE DEVOIR, LA CAPACITÉ À SOUTENIR, INVIGORER, DYNAMISER, en apportant un appui, une aide spécifique ou en favorisant un climat, un environnement stimulant, des encouragements et des moyens concrets pour une meilleure réussite.

 

Condition pour l'exercice de l'autorité

          Il faut cependant rappeler qu'une autorité (parentale ou pédagogique), pour pouvoir s'exercer avec efficacité, doit d'une certaine façon être reconnue, validée par celui sur qui elle est censée s'exercer. Il ne suffit pas d'être habilité à avoir de l'autorité (du fait de sa fonction, de son titre, de son rôle ou d'un pouvoir reconnu), encore faut-il qu'elle soit l'objet d'une confirmation implicite ou explicite de la part de celui sur lequel elle se dépose !

          Sans cette reconnaissance, l'autorité n'est que du pouvoir qui ne peut s'exercer (provisoirement) qu'à l'intérieur d'un rapport de force favorable (à un moment donné) à celui… qui l'exerce !

          Le fait d'être père, et aujourd'hui mère, (car depuis des années, l'autorité parentale a été partagée légalement), ne suffit pas, encore faut-il que les signaux envoyés soient reçus et acceptés par l'enfant. Si l'enfant méprise son père, s'il le sent incohérent, s'il ressent la faiblesse ou l'inconsistance de la mère, s'il ressent trop la fragilité, l'insécurité ou l'incompétence (relationnelle surtout) de l'enseignant, autrement dit, s'il n'a pas une confiance suffisante dans leurs décisions, s'il ne peut se confronter à un positionnement clair de leur part, l'autorité est caduque, restera alors le pouvoir (très relatif) du rapport de force, de la menace ou de l'exclusion.

 

Avoir de l'autorité c'est...

          Peut être faut-il rappeler, qu'avoir de l'autorité, face à l'autre, signifie être capable d'avoir une influence sur ses comportements, ses conduites, sa façon d'être, pour lui permettre d'être plus lui-même, et de l'aider ainsi à être, en quelque sorte, auteur de sa propre vie en percevant mieux ses ressources et ses limites.

          Il est toujours possible aux parents, à un enseignant d'exercer du pouvoir, c'est-à-dire d'établir un rapport de force, cela au moins durant une certaine période (pour les parents et les enseignants des classes enfantines) correspondant à la petite enfance, tant que le rapport de forces, qu'ils peuvent établir avec un enfant, leur est favorable. Avoir du pouvoir revient à exercer une influence sur les enfants par la contrainte, autrement dit par une pression externe. Avoir de l'autorité reviendrait à exercer une influence à partir non d'une pression, mais d'une aspiration, d'une adhésion interne. Combien d'enfants et d'adolescents aujourd'hui ne peuvent reconnaître une autorité, c'est à dire un pouvoir d'influence, à des parents qu'ils ne peuvent respecter; cette expression revient souvent dans la plainte de certains adultes : "il ne me respecte plus, il ne respecte plus rien…" Car pour respecter un adulte encore faut-il s'être confronté à sa fiabilité, à sa cohérence, à ses valeurs. Pour déclencher cette aspiration, cette adhésion encore faut-il que l'enfant ait en face de lui, un témoin, un pôle d'attraction qui mobilise ses énergies dans cette direction.

 

La crise de l'autorité

          La crise actuelle de l'autorité parentale, constatée par beaucoup, qui se répercute à l'école et qui désespère les enseignants, est le reflet d'une défaillance tragique. Quand les fonctions parentales de père et de mère, à bases de demandes, d'exigences et de refus mais aussi de réponses aux besoins relationnels, ne sont pas exercées, sont hypotrofiées et que les fonctions de maman et de papa, fonctions de gratifications à base de laisser faire, de dons, d'acceptation inconditionnelle des désirs sont hypertrophiées.

          Aujourd'hui, l'autorité parentale, comme l'autorité professorale ne peut plus s'exercer à partir d'une fonction, ou d'un pouvoir qui est attribué par un titre ou une position, elle doit être soutenue et vivifiée par une relation de qualité, la possibilité d'une circulation de messages porteurs de sens et d'espoir entre des enfants et ses parents, entre les élèves et les enseignants. Si un adulte est capable de cohérence entre ses paroles et ses actes, s'il est susceptible de témoigner de valeurs inscrites dans son quotidien, s'il est capable de se définir comme étant au service des besoins relationnels d'un enfant et non de ses désirs, alors son autorité sera reconnue, intériorisée et acceptée.

 

 Jacques Salomé est l'auteur de:

· Papa, maman écoutez-moi vraiment. Albin Michel

· Une vie à se dire. Ed de l'Homme· Pour ne plus vivre sur la planète taire. Albin Michel.

Voir: le site de Jacques Salomé

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<<Je suis d’accord avec M. Salomé. J’enseigne depuis plusieurs années et je pense moi aussi que les connaissances personnelles de quelqu’un dans un ou plusieurs domaines du savoir ne suffisent pas nécessairement, de nos jours, pour faire un bon enseignant.Il y a encore d’autres critères importants qui conditionnent sa réussite. Un des plus importants critères c’est la capacité de l’enseignant à se faire respecter par ses élèves. La personnalité de l’enseignant, la qualité des rapports qu’il établit avec ses élèves, la qualité du travail fourni, sa capacité à toucher les coeurs de ses élèves, à éveiller leur imagination et leurs émotions et à susciter leur créativité, sont indispensables pour s’imposer naturellement aux élèves et pouvoir jouir de leur respect. Sur ces facteurs et d’autres encore est basée une autorité professorale saine qui constitue la condition sine qua non du succes de l’enseignant dans son quotidien et le tarrain propice pour une transmission efficace du savoir. >>

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