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Pas de 0 de conduite...

Le repérage en maternelle

 

Billet d'humeur

L'expertise de l'INSERM

             Comment se fait-il qu'une question pointue comme celle de l'expertise de l'INSERM produise de pareilles réactions? (Actuellement plus de 170000 signatures , un grand nombre d'articles etc..). Ce n'est peut-être qu'un symptôme et derrière se manifesteraient un débat de société bien plus large et des questions autour de l'enfant qui commenceraient à faire sens : est-il un corps à entretenir? une intelligence à former? un individu à dresser? (voir le débat sur la lecture) ou une personne complexe avec laquelle il est nécessaire de nouer des liens positifs dans un cadre bien défini et sécurisant qui le feront devenir un adulte?

             Ainsi dès son plus jeune âge se profileraient deux
conceptions différentes de la personne

- une conception qui, même si elle se veut "scientifique", "médicale", avec toute la noblesse que ces mots recouvrent, peut devenir " scientiste" (voir: définition) car elle est aussi portée par des hommes avec leur passion, leur histoire, leurs intérêts, et entraîner une médicalisation de toutes les questions qui concernent l'homme

- une conception "humaniste" qui parfois cache sous ce terme un refus de se confronter aux évolutions scientifiques.

 

Un débat qui se répète

Le débat n'est pas mince et il se répète sous des formes variées;

             On peut penser, par exemple

- à ces décisions sur la lecture qui disent s'appuyer sur les résultats des neurosciences.

- à cette publicité pour la Ritaline destinée aux enfants trop remuants ou à celle pour le Prozac, pour les plus amorphes, qui s'appuient sur des recherches médicales.

- à cette loi sur les psychothérapeutes exigeant une formation de psychopathologie médicale.

- aux débats sur l'évaluation des psychothérapies en référence à une expertise de l'INSERM

-à celle sur le dépistage médical des "conduites" prédélinquantes des enfants jeunes (pas de zéro...)

<<Ces spécialistes vous ont-ils dit que c’est raisonner de façon trop « globale » de penser que l’application de la méthode analytique est une chose facile et sans danger ? Utilisée sans expérimentations préalables, elle risque de renforcer les inégalités et de créer une école à trois vitesses encore plus inégale que l’actuelle. Ne faisons pas comme Gribouille qui, pour éviter la pluie, décide de se jeter à l’eau. Pensons aux 40% du milieu de la classe que nous appelons les « pourraient mieux faire », chez lesquels on risque d’accroître des fonctionnements mécaniques et l’illusion d’un savoir lire. Pensons aux 8 ou 10 % d’enfants candidats à l’illettrisme pour lesquels on risque d’approfondir le sentiment de fossé qui les sépare des autres. On compte habituellement sur la vertu de la répétition des exercices. C'est méconnaître qu’ils peuvent avoir des effets plus pathogènes que bénéfiques. Il ne suffit pas d’exiger pour obtenir".>> AGSAS cafepedagogique.net

<<Que dire, aussi, des orientations contenues dans l'avant-projet de loi du gouvernement sur la prévention de la délinquance, qui met l'accent sur la détection précoce des troubles du comportement ? Pour le pédagogue que je suis, c'est une catastrophe. Les spécialistes ont montré qu'il existe un effet "pygmalion", notamment à l'école, c'est-à-dire que certains enfants vont mettre un point d'honneur à agir comme des "lascars" pour se caler sur l'image que les adultes leur attribuent.>> Philippe Meirieu.

Dans tous les cas la méthode est la même:
1) On décide que les recherches sérieuses seront publiées dans des "revues à comité de lecture", on sélectionne alors une liste de revues dites sérieuses.

2) On étudie le nombre et les résultats des recherches dans ces revues

<<Le rapport analyse des faits sociaux comme des symptômes maladifs et n'hésite pas à envisager le fichage et le "suivi" d'un dixième de la population. On retrouve là l'influence d'une école nord-américaine, hostile à la psychologie, qui vise le dépistage des déviants et du gène de la déviance. Une perspective qui fait vraiment froid dans le dos.>> Le café pédagogique

3) On déclare qu'une majorité d'articles de ces revues concluent au bien-fondé de telle psychothérapie, de tel médicament, de telle prévention . C'est évidemment confondre "le mesurable" et "le quantifiable" (voir: Evaluation de M.F Bonicel)

             Le hic, en effet, est dans le choix de ces revues par un comité à tendance unique! Les "revues à comité de lecture" non conformes à cette tendance ne sont pas retenues ou en nombre très faible! D'où des résultats toujours contestables, d'autant plus qu'ils ne s'appuient que sur un résultat statistique d'articles!!! (il y en a plus qui disent que...!). Une science démocratique ! Va-t-on faire voter les élèves pour connaître le résultat d'un exercice! On voit qu'on est là dans l'imaginaire: la lecture, la psychothérapie, un dépistage deviennent des objets symboliques sur lesquels se greffe tout un imaginaire social handicapant la résolution des problèmes concrets qu'ils posent alors qu'il y faudrait plutôt un certain pragmatisme (on vit la même chose, me semble t-il, en ce moment avec le CPE!). On voit là toute l'importance de l'écoute de l'imaginaire des groupes, car c'est en prenant conscience de son influence qu'on évitera de se laisser emporter par lui.

<<Par un réflexe fort ancien et bien connu, tout objet de crainte devient symbolique. Or avec les symboles on ne transige pas, on les rejette ou on les adopte, et cela se passe généralement en force. La démocratie au contraire est par nature la recherche du compromis. Or on ne peut passer compromis que sur des intérêts, à condition justement de les dégager de toute approche affective ou symbolique.>> Michel Rocard Le Monde 30.03.06

Le coté positif

             Le coté positif de l'affaire c'est d'attirer l'attention sur une vieille découverte de Freud et de la psychanalyse: c'est dans les premières années de la vie d'un enfant que se jouent bien des éléments de son éducation et donc de son avenir, une évidence actuelle mais dont on ne tient pas suffisamment compte.

             Cela devrait déboucher, non sur un désir de dépistage médical de soi-disant comportements déviants, mais, par exemple, sur une diminution du nombre d'enfants par classe en maternelle: un petit groupe de 15 enfants par classe changerait la nature des relations avec le maître et donc la possibilité d'une évolution des enfants dans leur rapport au mond . Il faudrait, peut être également, une formation particulière des maîtres de ces classes pour les initier au travail sur les relations. 

             En effet tant que l'école se réfugiera seulement dans l'apprentissage de disciplines elle reproduira les inégalités sociales; ce n'est qu'en prenant en compte l'enfant dans sa globalité, c'est-à-dire en acceptant d'avoir aussi une fonction éducative qu'elle pourra participer à la lutte contre les déterminismes sociaux. Or ceci ne peut se faire que par une ouverture de l'école sur l'extérieur, par exemple avec les équipes éducatives, avec les parents...

             On irait bien sûr, car il faut être réaliste, vers une augmentation du nombre d'élèves des classes de lycée (des 1 ères et terminales par exemple). Les jeunes de ces classes sont en marche vers des attitudes adultes et ont moins besoin d'une relation privilégiée avec l'enseignant. Cela préparerait ces élèves à travailler dans des amphis de 500 et plus l'année suivante! L'introduction de méthodologies de travail de groupe, de travail individuel avec les TIC et d'évaluation de groupe permettrait de ne pas augmenter le travail des enseignants de ces classes.

 

Trancher ou composer

             Dans tout cela, comme le dit le sociologue Bruno Latour, le politique se croit obligé de TRANCHER et fait appel à la science, aux experts pour TRANCHER (c'est pas moi, c'est la science qui dit que....). Pour Bruno Latour la politique est au contraire l'art de COMPOSER, de prendre un objet complexe (le jeune enfant, la lecture, la psychothérapie...), de voir qu'il existe des positions différentes, antagonistes sur cet objet (des représentations différentes) et de réunir des personnes qui acceptent de bouger sur leurs positions pour COMPOSER une solution nouvelle sur cet objet; appareiller les représentations différentes, antagonistes, d'une façon originale et créatrice.

             Sinon, dit-il, on est dans la répétition; un jour l'un , un jour l'autre mais le problème n'avance pas (on ne sait pas comment assurer une meilleure éducation des jeunes enfants, on ne sait pas comment améliorer la lecture; on ne sait pas comment diminuer le chômage des jeunes...). Il n'y a alors pas moyen de "changer la société". Cela m'a fait penser aux deux sortes de changement décrits par Watzlawick: le "changement 1" qui consiste en une modification à l'intérieur d'un système et le "changement 2" qui consiste en une transformation du système lui-même c'est-à-dire une réorganisation des éléments en un système nouveau.

 

"Le rapport de force"

             Je me pose à ce sujet une question (à laquelle je n'ai pas de réponse évidente!): Dans notre appareillage conceptuel pour analyser les phénomènes sociaux, ne serait-il pas utile de faire évoluer (en le complexifiant) notre concept de "rapport de force" qui a fait les beaux jours des années 60-80 et avant! Je constate qu'il est toujours passablement utilisé actuellement pour analyser les événements: "il faut créer un rapport de force qui..."

             Il me semble que ce concept est trop lié, actuellement, à une vision implicative du type: si A est "plus fort" que B, alors A gagne (si A est plus lourd que B alors le plateau de la balance penche vers A). Mais la révolution épistémologique systémique nous apprend pourtant que si A entraîne B alors B aura une rétroaction sur A.

             Dans cette perspective, ne devient-il pas indispensable de passer d'une culture de la seule confrontation, de l'affrontement continuel à une culture de la négociation, de la recherche de solutions originales à des problèmes concrets.

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<<"Un retour aux meilleur des mondes" ..Comme quoi si l'histoire ne se répète pas il y a hélas des similitudes qui perdurent dans les aspects prédictions incantatoires type "madame soleil" sur la prédiction du futur. Le plus ironique est que celà passe par des études "dites scientifiques" là dans le même temps où le génie n'a plus court. Sans doute ce manque n'est-il que le produit de l'obsession d'une normalité sans tâches délataires pour le sfuturs Mozarts ou Einsteins .. Pas une tête qui bouge..

<<J'ai regardé hier (à une heure tardive) le documentaire infra rouge sur"nos enfants sont-ils tous des malades mentaux?" et je voulais vous dire que j'ai été confortée dans ma prise de décision pour soutenir votre démarche. Mais n'avons-nous pas dejà mis le doigt dans l'engrenage avec 7000 enfants sous RITALINE? Je veux croire en la sagesse et en la compétence de nos professionnels.Restons vigilents!>> 5/07

<<Bonjour et bravo pour votre site que j'apprécie. Pas de zéro de conduite pour les enfants ! Le 10 mars dernier, j'envoyais le message ci-dessous à L'INSERM. N'ayant pas obtenu de réponse malgré ce qui est annoncé sur leur site, je rends ce message public. Lettre ouverte à l'INSERM 10 mars 2006 à M.Le directeur général, à Mmes et Mrs les chercheurs, Durant plusieurs années, j'ai participé à votre étude épidémiologique E3N auprès des femmes de la MGEN par simple désir de faire, très modestement, un geste citoyen. Votre réputation de sérieux et de rigueur scientifique me donnait confiance. Cette période est, hélas, révolue avec la façon dont vous avez mené l'expertise sur les troubles des conduites chez l'enfant. La sélection des personnes à auditionner et l'utilisation partiale de leurs analyses, l'oubli des facteurs sociologiques, l'imprudence de certaines formulations prêtant à récupération (ce qui n'a pas manqué), donnent à votre étude un aspect scientiste et trop exclusivement médical. Ma longue carrière pédagogique m'a montré que la plupart des enfants en difficulté (les perturbateurs, car, les autres, on ne s'en occupe guère) ne souffrent pas d'un gène déficient ou d'une maladie relevant d'un traitement médicamenteux mais souffrent d'un déficit d'éducation, de stabilité affective et /ou de repères sociaux, pâtissent du regard négatif que la société porte sur eux ou leur milieu, cette dévalorisation entraînant des conduites autodestructrices. Les solutions sont surtout à chercher dans un travail éducatif coordonné famille/école/quartier/associations/acteurs médico-sociaux visant à restaurer l'image de soi et sa capacité à influer sur son avenir. Votre proposition d'organiser des échanges sur le sujet arrive un peu tard. Je souhaiterais que vous vous démarquiez nettement et publiquement des interprétations sécuritaires des responsables politiques et des conclusions du rapport Bénisti. En espérant votre réponse, je vous adresse mes salutations.>> Annie Carton enseignante et formatrice d'enseignants militante associative 06510 Gattières

<<vous confirmez toutes mes craintes sur le HCE : le charabia sur le rapport de forces montre que le pouvoir est bien resté aux mains des mêmes et que rien ne changera. je comprend pourquoi Laurent Lafforgue a démissionné.>> C.

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