<<: J’ai été émerveillé par le contenu >>

<<Excellente ouverture sur la créativité dans l'enseignement qui est à encourager aussi bien chez les enseignants que chez les apprenants, enfants ou adultes. Merci de partager votre réflexion ! >>

<<Faire preuve de créativité c'est prendre le risque de se tromper, c'est oser. Ce qui suppose non seulement d'être encouragé par les situations pédagogiques créées mais aussi, vous le soulignez parfaitement, de desserrer le carcan de l'évaluation. Il convient à mon sens d'aller bien au-delà : l'évaluation doit être positive, se fonder sur les acquis de chaque jeune pour l'amener à acquérir d'autres compétences, à son rythme. Et non pas sanctionner chaque erreur (voire "faute") en retirant des points à partir d'une supposée norme, d'un curseur, évoluant il est vrai - mais artificiellement (mathématiquement ?) - pour tenter de prendre en compte la réalité du plus grand nombre... Il serait judicieux d'être plus radicale et d'inverser complétement les modalités d'évaluation en généralisant l'acquisition de compétences dans le cadre des paliers du socle commun.>>

<<Si l’enseignant se conçoit comme une source de savoir, l’école n’a plus aucune raison d’être,car il existe aujourd’hui d’autres moyens de transmission des connaissances plus performants.Il incombe à l’enseignant d’adopter des démarches pédagogiques où il déploie toute son originalité:l’enseignement est un art et quiconque ne peut pas y prétendre.

merci pour le plaisir que vous m’avez donné par la proposition de cette réflexion sur notre pratique ensignante>>

<<La créativité à l’école est un sujet essentiel pour notre société. Une approche pourrait être d’habituer les élèves ou étudiants à résoudre des problèmes avec le plus grand nombre de solutions.>>

<<Vous énoncez une série de points mettant en évidence une certaine sclérose du système qui n’a, maleureusement, rien de nouveau. Pour autant si il est possible de faire preuve d’imagination - et non d’innovation comme le prône les pédagodémagos - celle-ci ne peut se démarquer du quotidien des élèves et s’exonérer d’un certain pragmatisme. En ce sens, ouvrir l’école sur l’extérieur constitue, en l’état, un des rares espaces de créativité abordables pour tous les enseignants. >>

<<MERCI ! Très bon thème !!>>

<<Merci, cher ami, encore une fois de la grande qualité du travail mis en ligne, et ce toujours régulierement, c'est un vrai bonheur, Sur la créativité, je me permets de signaler un article sur le blog http://lewebpedagogique.com/diversifier/2009/09/15/1652/ >>

 << Enfin... la France s’éveille ! >>

 

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La "bonne" distance?

 

             " Il faut se savoir étranger l'un à l'autre pour dialoguer. J'ai un frère qui a été soudeur à l'arc: quand on éloigne trop les deux pôles, il n'y a plus d'arc; s'ils se touchent, il n'y a plus d'arc non plus. Eh bien, le dialogue, c'est ça: apprendre la bonne distance." (Jean Grosjean)

 

             Ceux qui ont vu le film "Être et Avoir" et qui ont assisté aux échanges avec Georges l'instituteur et le réalisateur Nicolas Philibert ont eu l'occasion de se poser la question de la "bonne distance"

-comment filmer les élèves à "la bonne distance"?

-comment être à la bonne distance des élèves pour l'enseignant?

-comment être à la "bonne distance" des parents?

comment, pour un chef d'établissement, être à la "bonne distance" de son personnel?

            Le réalisateur : <<J'ai vu des "instit" qui me disaient: "venez chez moi vous verrez c'est cool dans ma classe, on se tutoie, on est des copains", j'ai fui à toute vitesse>>

             <<Je ne me suis pas fait oublier, insiste-t-il. Avec mon équipe, nous avons d'abord eu une démarche presque pédagogique, en montrant aux enfants comment fonctionner notre matériel, en leur expliquant la technique. Cela a permis d'assouvir leur curiosité, et puis l'école a repris son cours normal. Mais nous n'avons pas cherché à devenir invisible. Nous nous sommes, au contraire, intégrés à la vie de la classe, mais en veillant aussi à ne pas devenir des copains. A ne pas rigoler chaque fois qu'un enfant faisait le clown, ce qui risquait d'alimenter une sorte de complaisance face à la caméra. Il s'agissait de garder une distance, et surtout de trouver la bonne.>> (Télérama n°2746)

             La distance était ici faite du respect de la personne des élèves , de leur curiosité légitime mais aussi du respect de la différence de génération

 

Pour un enseignant à quelle distance doit-il être des élèves?

Une histoire

             « Un jour d'hiver glacial, les porcs-epics d'un troupeau se serrèrent les uns contre les autres afin de se protéger contre le froid par la chaleur réciproque. Mais, douloureusement gênés par leurs piquants, ils ne tardèrent pas à s'écarter de nouveau les uns des autres. Obligés de se rapprocher de nouveau, en raison du froid persistant, ils éprouvèrent une fois de plus l'action désagréable des piquants, et ces alternatives de rapprochement et d'éloignement durèrent jusqu'à ce qu'ils aient trouvé une distance convenable où ils se sentirent à l'abri des maux. »

Freud. Essais de psychanalyse, Payot, p.13

             Avez-vous remarqué parfois qu'une personne avec qui vous parlez recule d'un pas car elle vous sent trop proche ou inversement va avancer d'un pas car elle vous sent trop loin?

Trop proche, on risque de faire peur;

Trop loin, on risque de ne pas entendre ou de ne pas se faire entendre!

             La distance physique peut parfois être l'expression de la distance psychique ou, inversement, un essai de compensation de cette distance psychique: "Je me sens trop loin de cette personne, incapable de m'identifier à elle, j'ai peur qu'elle le ressente , alors je me rapproche physiquement d'elle".

 

 Pour marquer sa distance on peut utiliser différents processus

On peut se servir d'un objet intermédiaire, lieu de projection de son sentiment

             Voici l'exemple d'un professeur de mathématiques François:

<<François - J'aime bien enseigner et donner confiance aux élèves, leur expliquer qu'ils peuvent y arriver. Et quand j'en vois un qui s'éveille, qui s'accroche, cela me plaît. Surtout quand je me dis que si je l'avais brutalisé, il n'aurait jamais réussi à comprendre; alors là j'ai une véritable satisfaction. Et puis j' aime bien ce contact avec les élèves par l'intermédiaire des maths. C'est un peu un jeu, il y a des astuces, il y a des finesses: le rapport est bien délimité. Ce n'est pas comme pour les profs de français qui sont très souvent en psychodrame, qui déchaînent des affectivités terribles dans les classes. Après, ce n'est pas forcément facile d'en sortir. Pour nous c'est quand même beaucoup plus simple et cela ne nous empêche pas de discuter avec les élèves à la fin d'un cours. On a un rapport qui s'établit...

N. - Vous avez dit un contact par l'intermédiaire des maths?

F. Oui, là je suis un petit peu hésitant, je ne sais pas très bien au fond ce que je fais. Je suis un prof, c'est vrai. Mais au fond les maths me servent à garder une distance. Parce que je suis relativement distant malgré tout. Enfin on discute, mais quand même, je suis assez sérieux et je ne fais pas trop durer la récréation.>> Tiré de: "Les maths à quoi ça me sert." Bibliographie

 

On peut également vouvoyer (ou tutoyer) pour marquer sa distance (ou sa proximité)

Là encore ces marques peuvent servir à exprimer un ressenti ou au contraire compenser ce que l'on ressent: Par exemple dans ce dernier cas:

"Je tutoie car je me sens trop loin"; "je serre des mains car je suis en réalité très loin de ces personnes" (voir certains de nos politique!); "je vouvoie car j'ai peur d'être trop proche" etc...

 

On peut aussi avoir un contact physique avec l'autre:

Serrer sa main, l'embrasser, toucher son épaule, trinquer, être contre lui...

(voir: témoignage d'un professeur)

             La question sera toujours "Quelle signification cela va avoir pour l'autre?" Pas forcément la même que pour moi. Seule sa réaction, si j'y suis attentif, peut me l'indiquer.

 

On peut aussi vouloir jouer "au copain" ou "à la copine"

             Parfois on croit ainsi être mieux accepté par les jeunes, à l'abri de leur agressivité. C'est nier la réalité de la "différence générationnelle" et en général les jeunes ne sont pas dupes! Ils cherchent seulement à en profiter.

             Or ils ont besoin au contraire de rencontrer un "adulte solide" pour se structurer.

             Et du reste, paradoxalement, l'agressivité d'un jeune peut être parfois le signe d'un désir de rapprochement. En effet c'est, pour certains, le seul mode de relation qu'ils connaissent et qu'ils pratiquent très bien entre eux! (Voir: Que faire devant un jeune violent?)

 

On peut "privilégier" un élève (un enfant, un membre de son personnel...)

             Pourquoi tel élève me semble-t-il "plus proche"? Pourquoi tel enfant "m'accapare" tant? (cela peut être en particulier le cas d'un enfant handicapé)?. (Voir: Psychisme handicap) Cette proximité désirée par moi, demandée par l'autre, obligatoire à cause des conditions, comment je l'exprime dans la vie?

 

Il n'y a pas de "bonne distance " absolue

             Elle va dépendre des deux personnes qui sont en présence, de leurs interactions. C'est une recherche de tous les instants; car "cette bonne distance" n'est , en plus, pas fixe dans le temps. Elle va se faire par "essai et erreur", ou par "approximations successives".

Il va y avoir:

- recherche continuelle d'adaptation à l'autre, à condition qu'il y ait suffisamment d'attention aux signaux émis par l'autre

- recherche de compromis avec ses propres désirs (de proximité, de distance, d'agressivité, d'amour, etc....) vis-à-vis de l'autre.

 

La distance psychique dépend, entre autres, de deux processus
- ma capacité à l'autonomie: "je sais que je suis indépendant de cette personne, je n'ai donc pas peur de me rapprocher d'elle, cela ne me mettra pas en danger, de même si elle s'éloigne de moi, cela n'entraînera pas forcément une rupture avec elle." Voir "Nos frontières"

- ma capacité à "m'identifier" à elle, et donc des peurs et des désirs qu'elle engendre en moi par ce qu'elle me rappelle qui dépend , entre autres, de ce que j'ai vécu et de mes identifications passées.

 

             Autrement dit, on pourra être d'autant plus proche d'un élève, d'un enfant, des membres de son personnel que l'on se sentira (sera) plus distinct, séparé de lui (Voir "Nos frontières"). Sinon la proximité sera de "la fusion", de la confusion entre lui et moi et non plus de la proximité.

 

 

             La bonne distance avec les élèves n'est pas , en définitive, une question de marques particulières (tutoiement, toucher physique etc...) c'est une question d'état d'esprit qui respecte la différence des générations et tout ce que cela entraîne comme attitudes.

Compléments

Vos  Réactions

Adresse mail facultative

Commentaire

Livre:

HALL (E), La dimension cachée, Seuil, Collection Point Essais, Paris, 1971

Sites:

Distance_en_management

Distance en thérapie

Analyse de Penser la mise à distance en formation

 

Réactions:

<<Je crois qu'il faut corriger une erreur: l'apologue des porcs-épics n'est pas de Freud mais de Schopenhauer (auquel s'intéressait certes Freud, donc il se peut qu'il le cite, j'irai regarder!). C'est important de rendre à César, etc., mais surtout de rappeler deux éléments: pour Schopenhauer, la bonne distance, c'est la politesse, les belles manières (donc un code social qui est à mon avis souvent sous-estimé, je veux dire adaptable à beaucoup de milieux ou occasions et aussi à des situations intermédiaires: par exemple il n'est pas sûr qu'il faille forcément répondre au tutoiement par le tutoiement, entre cultures francophones différentes), d'autre part il ne faut pas oublier la misanthropie extraordinaire de Schopenhauer, qui mérite vraiment réflexion, et qui n'est pas celle de Rousseau par exemple. Très stimulant, le thème de la "bonne" distance! Par ailleurs, pour compléter ce message, ça m'amuse que les images de cactus ponctuent ce site...>>

<<Ces pages sont très intéressantes à lire et nous aident dans notre métier chaque jour. Il y a même des paramêtres auxquels, on n'aurait pas pensé dans le rapport de la bonne distance, de toute la complexité du rapport prof/élève. Merci beaucoup pour cela.>>

<<document particulièrement intéressant pour des étudiants de MUC/NRC en apprentissage de leur futur métier>> D.S

<<Quel bonheur de vous lire ! Après 6 heures de formation à l'analyse des pratiques,je viens de parcourir la réflexion sur la distance, la bonne distance. C'est un record ! Je l'imprime pour lire à tête reposée. Maître-formateur je vais faire connaître ce site aux stagiaires. Merci à vous de partager votre savoir et votre réflexion.>>M.C

<<La bonne distance est un concept complexe. Distance physique, bien entendu, mais aussi distance psychique, c'est-à-dire capacité à aller à la rencontre de l'autre tout en laissant cet autre être lui, ou elle-même. Car si nous sommes à peu près conscients et conscientes de la "trop grande distance", caractérisée par l'indifférence, l'éloignement, le refus de l'autre, l'agressivité, nous sommes souvent moins sensibles à la trop grande proximité et à ce que l'on peut appeler "l'envahissement psychique de l'autre". Ceci peut se faire avec la plus grande douceur, et les meilleures intentions du monde, mais aboutit à ne pas laisser exister l'autre en dehors de ce que l'on désire qu'il ou elle soit. On en a un exemple dans le film "être ou avoir", notamment au moment où l'enseignant questionne le petit Jojo sur le sens que l'école a pour lui. Jojo commence à répondre qu'à l'école "il faut écouter le maître", montrant par là à la fois sa bonne volonté et le fait qu'il ne comprend pas les vrais enjeux de l'école (à savoir apprendre pour mieux comprendre le monde et surtout découvrir ce plaisir d'une meilleure compréhension du monde). On sait que cette difficulté à saisir les enjeux de l'apprentissage se retrouve fréquemment, y compris plus tard, chez les élèves en difficulté. Il y aurait donc là une occasion de tenter de faire saisir à Jojo l'intérêt des savoirs, par exemple en essayant de revenir sur des moments où il a été content de réussir quelque chose à l'école. Malheureusement, l'enseignant, pris dans son exaspération face à cet élève si difficile à canaliser (et on le comprend !), ne saisit pas cette occasion de faire travailler Jojo sur son ressenti. Au contraire, il le "ramène" artificiellement, par un jeu de questions réponses trop serré, à ce que lui, en tant qu'enseignant, veut l'entendre dire, à savoir que Jojo est à l'école pour travailler. Certes, par rapport à "il faut écouter le maître", Jojo est un peu plus centré sur son activité propre, mais comme il est probable que pour lui, "travailler" se résume justement à "écouter le maître", on rate bel et bien là une chance éventuelle de l'amener, à partir de son point de vue propre, à mieux entrer dans une démarche d'apprentissage. Il ne s'agit pas, évidemment, de jeter la pierre à l'enseignant, mais de souligner, à travers ce petit exemple, la difficulté à se situer, justement, "à la bonne distance" et la nécessité d'une vigilance permanente, surtout avec les plus jeunes, à laisser un point de vue original s'exprimer, aussi différent soit-il des exigences que nous avons pour nos élèves. ce qui n'empêche pas, au contraire, de poser ces exigences, mais dans un autre temps. Françoise Hatchuel Maîtresse de conférences en sciences de l'éducation Université Paris X - Nanterre Pour aller plus loin Claudine Blanchard-Laville Les enseignants entre plaisir et souffrance PUF, 2001 ; Françoise Hatchuel Apprendre à aimer les mathématiques PUF, 2000>>

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