Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur

PLAN DU SITE

 

Que peut apporter aux enseignants

la pensée d'Edgar Morin ?

             Edgar Morin est un sociologue mais aussi un historien, un économiste et un juriste. Il a dirigé, entre autres, le Centre d'études transdisciplinaires de l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales puis il fut Directeur de recherches au CNRS, Président de l'Agence Européenne pour la Culture (UNESCO).Il est Docteur honoris causa de l'université de Perugia (Sciences politiques), de l'Université de Palermo (psychologie), de l'Université de Genève (Sociologie), de l'Université Libre de Bruxelles, de l'Université d'Odense (Danemark), Laus honoris causa Instituto Piaget, Lisboa (Portugal), Colegiado de Honor du Conseil de l'Enseignement Supérieur d'Andalousie.

Une autre vision des disciplines

Pour approfondir

Edgar Morin nous parle du réel (Vidéo): dailymotion.com

Éducation : La Méthode Morin

Radio Canada

             La réalité n'est pas discipllnaire, c'est notre esprit qui crée ce découpage. Edgar Morin nous invite constamment à relier les connaissances entre elles, à les "tisser" ensemble. Sructurés par nos études disciplinaires, celles-ci constituent souvent notre identité et nous risquons de nous enfermer en elles (Voir :Rosine), alors que dans nos cours, il serait profitable de montrer à nos élèves les liens qui existent entre les disciplines, entre les divers aspects d'une même question :.

<<Les disciplines devraient par ailleurs être inscrites dans des « objets » à la fois naturels et culturels, comme le monde, la Terre, la vie, l'humanité. Ils sont naturels car ils sont perçus par chacun dans leur globalité, et nous semblent évidents. Or ces objets naturels ont disparu de l'enseignement ; ils sont actuellement morcelés et dissous par les disciplines non seulement physiques et chimiques, mais aussi biologiques (puisque les disciplines biologiques traitent de molécules, de gènes, de comportements, etc., et rejettent comme inutile la notion même de vie) ; de même, les sciences humaines ont morcelé et occulté l'humain en tant que tel, et les théoriciens du structuralisme ont même pensé présomptueusement qu'il fallait dissoudre la notion d'homme.Ces objets naturels sont immédiatement identifiables par tout adolescent. >> E.M.p.14

 

Une autre approche des processus d'explication et de compréhension

Pour approfondir

Le sujet et l'objet dans les sciences

             Notre enseignement, en France, est souvent déductif, démonstratif et nous sommes souvent étonnés par certaines incompréhensions des élèves. Nous avons peut-être à repenser avec Edgar Morin les notions d'explication et de compréhension en faisant une place plus grande à l'induction, aux associations d'idées, à l'imaginaire, à la créativité, en créant des aller-retour (boucles) entre ce qui peut favoriser la compréhension et ce qui nécessite la démonstration. Nous nous accrochons à la logique classique mathématique qui pourtant a aussi évolué (voir: Une nouvelle vision de la logique ).

<<L'explication est un processus abstrait de démonstrations logiquement effectuées, à partir de données objectives, en vertu de nécessités causales matérielles ou formelles et/ou en vertu d'une adéquation à des structures ou modèles.

             La compréhension se meut principalement dans les sphères du concret, de l'analogique, de l'intuition globale, du subjectif. L'explication se meut principalement dans les sphères de l'abstrait, du logique, de l'analytique, de l'objectif.

La compréhension comprend en vertu de transferts projectifs/identificatifs. L'explication explique en vertu de la pertinence Iogico-empirique de ses démonstrations.

             Alors que comprendre est saisir les significations existentielles d'une situation ou d'un phénomène, "expliquer, c'est situer un objet ou un événement par rapport à son origine ou mode de production, ses parties ou composants constitutifs, sa constitution, son utilité, sa finalité."(J. Schlanger)>>. E.M. p. 149

 

 Une attention à la notion d'erreur et d'illusion

             Un enseignant qui s'efforce de déconstruire les représentations erronées des élèves avant de faire un cours tient compte du fait que l'élève n'est pas une page blanche sur laquelle il suffirait d'inscrire des savoirs nouveaux, mais qu'il a des "représentations" sur toutes choses dans ce monde psychique interne à l'élève: (Voir: la représentation selon Edgar Morin)

<<L'éducation doit donc se vouer à la détection des sources d'erreur, d'illusion et d'aveuglements...L'importance du fantasme et de l'imaginaire chez l'être humain est inouïe ; étant donné que les voies d'entrée et de sortie du système neuro-cérébral, qui mettent en connexion l'organisme et le monde extérieur, ne représentent que 2 % de l'ensemble, alors que 98 % concernent le fonctionnement intérieur, il s'est constitué un monde psychique relativement indépendant, où fermentent besoins, rêves, désirs, idées, images, fantasmes, et ce monde imprègne notre vision ou conception du monde extérieur... Ce qui permet la distinction entre veille et rêve, imaginaire et réel, subjectif et objectif, c'est l'activité rationnelle de l'esprit qui fait appel au contrôle de l'environnement (résistance physique du milieu au désir et à l'imaginaire), au contrôle de la pratique (activité vérificatrice), au contrôle de la culture (référence au savoir commun), au contrôle d'autrui (est-ce que vous voyez la même chose que moi ?), au contrôle cortical (mémoire, opérations logiques). Autrement dit, c'est la rationalité qui est correctrice.

             La rationalité est le meilleur garde-fou contre l'erreur et l'illusion. D'une part, il y a la rationalité constructive, qui élabore des théories cohérentes en vérifiant le caractère logique de l'organisation théorique, la compatibilité entre les idées composant la théorie, l'accord entre ses assertions et les données empiriques auxquelles elle s'applique; une telle rationalité doit demeurer ouverte à ce qui la conteste, sinon elle se referme en doctrine et devient rationalisation; d'autre part, il y a la rationalité critique qui s'exerce particulièrement sur les erreurs et illusions des croyances, doctrines et théories.

             Mais la rationalité porte aussi en son sein une possibilité d'erreur et d'illusion quand elle se pervertit, nous venons de l'indiquer, en rationalisation. La rationalisation se croit rationnelle parce qu'elle constitue un système logique parfait, fondé sur déduction ou induction, mais elle se fonde sur des bases mutilées ou fausses, et elle se ferme à la contestation d'arguments et à la vérification empirique. La rationalisation est close, la rationalité est ouverte. La rationalisation puise aux mêmes sources que la rationalité, mais elle constitue une des plus puissantes sources d'erreurs et d'illusions. Ainsi, une doctrine obéissant à un modèle mécaniste et déterministe pour considérer le monde n'est pas rationnelle mais rationalisatrice.>>Les 7 savoirs p. 20, ss

 

 

Un "cadre" dans lequel insérer nos enseignements (Les 7 savoirs nécessaires...)

Pour approfondir

Le texte du livre

agora21.org/unesco/7savoirs/

1) Les cécités de la connaissance (les erreurs, la normalisation, l'inattendu, l'incertitude...)

2) Les principes d'une connaissance pertinente (le contexte, le global, le multidimentionel, le complexe...)

3) Enseigner la condition humaine (enracinement, déracinement, les boucles: cerveau/esprit/culture...)

4) Enseigner l'identité terrienne (le legs du XX e siécle, les nouveaux périls, la conscience terrienne...)

5) Affronter les incertitudes ( incertitudes historiques, de la connaissance, du réél,.. boucles risque/précaution...)

6) Enseigner la compréhension (obstacles à la compréhension, l'esprit réducteur, conscience de la complexité humaine...)

7) L'Ethique du genre humain (démocratie et complexité, la citoyenneté terrestre, le destin planétaire... )

 

Une autre vision de l'intelligence (L'intelligence de la complexité)

Pour approfondir

Le défi de la complexité Revue Chimère (PDF)

L'intelligence de la complexité ru3.com (vidéo)

Réforme de pensée, transdisciplinarité
nicol.club.fr

Epistémique de la complexité

             Notre vision de l'intelligence est souvent simplificatrice, morcelée, découpée. Les 'tests d'intelligence" en sont un exemple. Que voulons-nous dire quand nous proclamons cet élève "intelligent"? A-t-il de bons résultats? A-t-il de nombreuses compétences? Est-il apte à "réussir" dans la vie? Ou ...nous apporte-t-il des satisfactions?

             Une autre façon de voir serait de regarder son aptitude à saisir la complexité des questions, sa capacité à faire face à l'imprévu, à mettre en relation des aspects éloignés. L'intelligence de la complexité est une autre vision de ce que nous pratiquons souvent dans l'enseignement

<<Complexité : Définition usuelle

             Ce n'est pas tant la multiplicité des composants, ni même la diversité de leurs interrelations, qui caractérisent la complexité d'un système : tant qu'ils sont pratiquement et exhaustivement dénombrables on sera en présence d'un système compliqué (ou hypercompliqué), dont un dénombrement combinatoire pourrait permettre de décrire tous les comportements possibles (et par là de prédire son comportement effectif à chaque instant dès que la règle ou le programme qui les régit est connue) : en termes mathématico-informatiques on dit alors qu'on est en présence d'un "problème polynomial"...

             C'est l'imprévisibilité potentielle (non calculable a priori) des comportements de ce système, liée en particulier à la récursivité qui affecte le fonctionnement de ses composants ("en fonctionnant ils se transforment"), suscitant des phénomènes d'émergence certes intelligibles, mais non toujours prévisibles. Les comportements observés des systèmes vivants et des systèmes sociaux fournissent d'innombrables exemples de cette complexité. Pendant deux siècles, la science positive a semblé "baisser les bras" devant ces phénomènes, préférant ne vouloir connaître que le "scientifiquement prévisible" ou calculable, avant que G. Bachelard ne lui rappelle "son idéal de complexité" qui est de rendre le merveilleux intelligible sans le détruire. ... Edgar Morin, à partir de 1977 ("La Méthode", T. I) établira le "Paradigme de la complexité" qui assure désormais le cadre conceptuel dans lequel peuvent se développer nos exercices de modélisation des phénomènes que nous percevons complexes ("point de vue") : une complexité à la fois organisée et, récursivement, organisante. >> Petit lexique des termes de la complexité

 

Une façon nouvelle d'aborder les problèmes de l'enseignement

Pour approfondir

«Sciences de L'Education et Complexité»

Association pour la Pensée Complexe

Morin, la connaissance et les sciences de l'éducation

Barbier

Repenser l'école (Vidéo)

INA

             La vision systémique de l'enseignement que propose Edgar Morin modifie considérablement notre façon d'envisager l'enseignement. Qu'il s'agisse de l'élève vu dans sa globalité comme un système mais également en interaction avec les autres systèmes l'entourant (voir: Nouvelle conception de la personne) . Qu'il s'agisse de l'établissement où on constate que c'est le sous-système le plus souple qui exerce le plus d'influence sur le système établissement. Qu'il s'agisse des disciplines et des programmes non plus vus comme un découpage artificiel mais comme un complexe c'est-à-dire comme un ensemble d'éléments tissés les uns avec les autres, entrelacés, interférant les uns avec les autres. L'interdisciplinarité et les TPE prennent alors tout leur sens et ne restent pas quelque chose en plus ou à part. Ils sont centraux . Ce qui est à apprendre c'est alors une méthode et non un programme:

<<Rien n'est plus éloigné de notre conception de la méthode que cette vision composée d'un ensemble de recettes efficaces pour la réalisation d'un résultat prévu. Cette idée-là de la méthode présuppose son résultat depuis le début ; dans cette acception, méthode et programme sont équivalents. Il se peut que dans certaines situations il ne soit pas utile d'aller au-delà de l'exécution d'un programme, dont le succès ne pourra pas être exempt d'un relatif conditionnement par le contexte dans lequel il se déroule. Mais en réalité, les choses ne sont pas aussi simples, pas même lors de la préparation d'une recette de cuisine, plus proche d'un effort de recréation que de l'application mécanique de mélanges d'ingrédients et de modes de cuisson.... Cependant, si nous sommes dans le vrai lorsque nous affirmons que la réalité change et se transforme, une conception de la méthode comme programme est plus qu'insuffisante, car si face à des situations changeantes et incertaines les programmes ne sont pas très utiles, la présence d'un sujet pensant et stratège est en revanche indispensable. Nous pouvons affirmer ceci : dans des situations complexes, c'est-à-dire là où dans un même espace et dans un même temps il y a non seulement de l'ordre mais aussi du désordre, là où il y a non seulement des déterminismes mais aussi des hasards, là où émerge l'incertitude, il faut l'attitude stratégique d'un sujet ; face à l'ignorance et à la confusion sa perplexité et sa lucidité sont indispensables.>> p.16

 

Une éthique laïque

Pour approfondir

Initier à l’éthique

Cycle de conférences ISP

Ethique pour un monde incertain:

Nouvelle revue moderne

             A l'époque où les religions reprennent une place importante créant, parfois, des divisions et oppositions Edgar Morin propose une éthique laïque qui peut rassembler. Pour lui "Tout regard sur l'éthique doit percevoir que l'acte moral est un acte individuel de reliance : reliance avec un autrui, reliance avec une communauté, reliance avec une société et, à la limite, reliance avec l'espèce humaine." p. 16.

             Mais pour lui nous avons ici comme ailleurs dans tout ce qui est humain à supporter l'incertitude dans la relation entre intention et acte "Même si l'intention morale essaie d'envisager les conséquences de ses actes, la difficulté de les prévoir demeure. Comme tout ce qui est humain, l'éthique doit affronter des incertitudes. La devise « L'enfer est pavé de bonnes intentions » porte en elle la conscience que les conséquences d'un acte d'intention morale peuvent être immorales. À l'inverse, les conséquences d'un acte immoral peuvent être morales.>>p. 40

 

Une vision du monde et de la mondialisation (Une politique de civilisation)

Pour approfondir

Edgar Morin cerne le génie européen

Arte TV

             Enfin dans les questions que nous nous posons au sujet de la mondialisation, Edgar Morin apporte une vision qui n'est pas entièrement négative ni d'un positif euphorique. Il attire notre attention sur le fait, qui devient de plus en plus évident à beaucoup, de savoir que nous sommes tous dans le même bateau sur la même planète Terre et que cela entraîne des conséquences sur nos attitudes. C'est encore à faire découvrir, sentir à nos élèves.

<<Aujourd'hui, on isole les problèmes du chômage, de l'emploi, de l'exclusion hors de leur contexte et on prétend les traiter à partir d'une logique économique close. Il faut au contraire les considérer au sein d'une grande problématique de société et partir des besoins de civilisation qui, d'eux-mêmes, exigent de nouveaux emplois. Il ne suffit pas de partir d'un « social » qui mettrait entre parenthèse le civilisationnel....Enfin, si nous partons des problèmes français, nous ne devons oublier ni leur singularité, ni leur généralité : les problèmes fondamentaux de civilisation qui affectent la France sont aussi ceux de l'Europe et, plus largement, ce sont les problèmes qui, dans le monde, se trouvent posés partout où il y a eu « développement » — c'est-à-dire développement de notre civilisation —, et ils se poseront tôt ou tard partout où on est « en cours de développement ». p. 41

Voir également pour une présentation plus générale:

Edgar Morin :http://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Morin 

Heure de vérité (Vidéo): http://www.ina.fr/archivespourtous

Le Centre Edgar-Morin du CNRS

 Commentaire

Adresse mail facultative

Commentaire

Commentaires

<<quand je lis Edgar morin je me sens renaître de sciences qui ont longtemps mutilées l’humanité et semée le chaos civilisationnel à cause de la rationalisation dont il parle. encore une santé de fer pour que cet homme de culture au sens plein du terme continue de nous ouvrir les yeux. infiniment merci!!!!>>

<<Quand je lis Edgar Morin je ressent la fierté d’etre un humain, il me prouve qu’il y à encore des homosapiens sur cette terre et je vois briller l’intelligence et rayonner l’humanisme d’un grand Homme. Mr Morin, ecris encore et encore et fais attention a ta santé , on a besoin de toi mille bises de la part d’un prof qui defend la science et l’humanisme .>>

<<Merci à Edgar Morin pour la pensée complexe. je prépare pour octobre un master 2 sur le thème: Edgar Morin et La philosophie de la complexité. j'aimerais avoir plus d'amples informations par rapport à mon thème. et surtout je ne sias comment aborder ma critique sur la pensée complexe. je suis au cameroun à l'université catholique d'Afrique centrale. aidez-moi! merci>>

<<Très bien : présentation claire et lisible parle plus grand nombre>>

<< Oui, E. Morin très important. Bien que vous en parliez. Je donne depuis longtemps qqes uns de ses textes dans tous les stages de formation d'enseignants que j'anime.>>

<<Pour ce qui est de la pensée d'Edgar Morin, j'ai quelque hésitation à faire part de mes réactions, d'abord parce que je n'ai pas lu " les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur", ni les autres livres cités, ensuite parce que je mesure, par la présentation qui est faite combien cette pensée est à des années-lumière de la réalité de notre système éducatif actuel. Et pourtant elle devrait, sans doute, susciter et stimuler notre réflexion sur les questions fondamentales qu'elle soulève, p.ex. la place de l'analyse systémique face à la parcellisation des savoirs et à l'autonomie des disciplines, l'importance des représentations de l'élève dans la construction des savoirs, les rôles respectifs, dans les processus d'apprentissage, d'un enseignement de type déductif, magistral, logiquement structuré, et d'un enseignement de type inductif , fondé sur l'observation, l'expérience, l'étude de documents, etc Mais les enseignants d'aujourd'hui peuvent-ils s'investir dans la mise en œuvre concrète des " sept savoirs ", alors que l'institution, si j'en juge par les dernières mesures prises par le Ministère, semble plutôt valoriser " les bonnes vieilles méthodes " du passé, alors aussi que la culture du résultat, qui est dans l'esprit du temps, pourrait conduire – à vérifier cependant – au bachotage et à l'acquisition prioritaire des savoirs évalués ou évaluables ? >>

 
Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur