Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur

PLAN DU SITE

 

Internet et les paradoxes:

techniques et modes de relation

Une histoire

 

            On propose une réunion pour la fête d'Internet. Je m'y rends, curieux. La dernière fois nous étions trois! Cette fois la salle est pleine, 70 ou 90 personnes. Devant un ordinateur, avec projecteur sur écran et un projecteur de diapos. des rangs de chaises alignées... (voir la disposition spatiale dans une formation).

             Le conférencier arrive et expose brillamment (il connaît bien son sujet) ce qu'est Internet, tous les "protocoles" actuels et futurs, les usages qu'une famille typique peut en faire (mail, groupe de discussion, chat, vidéo conférence, etc...). Chaque thème est illustré par une diapo, puis par une projection sur un écran du contenu d'un site...

             Au bout de 2h 1/2 d'exposé pendant lequel différents conférenciers se sont succédés, quelques personnes commencent à partir. Une certaine agitation s'empare des animateurs qui accélérant leur débit (alors qu'on sait bien que dans ce cas il est nécessaire au contraire de le ralentir!) annoncent qu'ils vont abréger leur programme car le temps tourne (et oui!!), qu'ils n'arriveront pas à tout faire (...je pense à nous, enseignants, nous lamentant parce que nous n'arriverons pas à terminer notre programme!).

             Les départs se poursuivent. La conférence continue. C'est la fin. Applaudissements. Le responsable, devant une salle au 3/4 vide, demande s'il y a des questions (classique!). Classique aussi la réponse: 

-grand silence. Comment être en état de poser une question après plus de deux heures de passivité? comment oser encore une question après cette montagne d'informations sur des aspects aussi "fascinants" qui nous dépassent et pour lesquels les animateurs semblent si compétent?

             Puis, tout de même, "l'opposant de service" a apporté son dossier de réclamations contre télécom...et donc hors sujet!

             Les animateurs, très judicieusement, l'orientent vers un responsable et durant cet intermède les derniers se lèvent et s'en vont. C'est terminé.

 

Les paradoxes qui s'en dégagent

Cette expérience à provoqué, chez moi, un choc et une réflexion. J'y ai vu de vrais "paradoxes" :

 
-comment des formateurs, à la pointe des nouveautés techniques, pouvaient-ils se contenter d'utiliser seulement le procédé de transmission des connaissances le plus ancien, le plus classique, qu'est le "cours ex cathedra" (exposé, exemples, exposé, exemples...) enrichi, il est vrai, de l'utilisation d'un tableau noir moderne ( diapos et projections d'ordinateur)?
-comment pouvait-on envisager de présenter le moyen le plus "interactif" , Internet,

en se refusant à toute interactivité avec la salle?

 

-comment pouvait-on présenter Internet, qui révolutionne le mode de pensée, dans un discours linéaire, déductif, exhaustif, alors que, au contraire, celui-ci met en valeur la réflexion par associations d'idées (les hyperliens) et participe à un rééquilibrage entre les cerveaux droit et gauche ( voir : la nouvelle logique)

 
J'ai vu, là encore, le décalage qui peut exister

entre "le fond"

(la technique la plus en pointe: Internet)

et "la forme"

(la transmission la plus ancienne possible, en l'occurrence).

(Voir: le schéma; forme-fond) 

 

 La cohérence

Ceci n'est pas sans importance:

1°) Je suis persuadé qu'une information ne passe bien que s'il y a "cohérence" entre la forme et le fond (c'est ce que j'appelle le Principe d'isomorphisme).

             Un formateur qui fait une conférence sur le travail de groupe sans l'organiser lui-même en proposant des périodes de travail de groupe, a peu de chance d'avoir de réels résultats ( "Je vous dis qu'il vaut mieux faire comme cela, mais je fais autrement"). L'attitude des formateurs modélise plus profondément le comportement des stagiaires ( identification) que ce qu'ils racontent.

 

2°) La technique, à elle seule, ne peut résoudre une question.

             - Distribuer des télévisions dans tous les établissements (avec le vieux fantasme des super prof qui feront des cours, alors que les autres expliqueront) et les télés se retrouvent dans les foyers d'élèves!

             - Former les enseignants à l'informatique (expérience "l'informatique pour tous", des stages d'un an pour certains enseignants. ..) et, d'après le rapport de l'inspection générale, les ordinateurs restent dans les placards; seul Thomson en a bénéficié!

             - Brancher lycées et collèges sur Internet, ce n'est pas suffisant pour que cette technique produise ses fruits.

Dans tous ces cas on ne tient pas compte du FACTEUR HUMAIN.

Le changement de technique s'accompagne d'un changement dans l'équilibre de la personne qui enseigne, forme ou subit la réforme

(les tentatives de réforme, dans de nombreux domaines le montrent suffisamment!)

             Au cours de cette soirée sur Internet, je suis sûr que les formateurs ont été ravis de sentir le public, en partie, bien sûr (mais quand on fait une conférence on ne voit que cette partie!), fasciné par ce qu'ils disaient.

             Leur plaisir était, sans doute, dans cette fascination ou dans le plaisir de celui qui sait par rapport à celui qui ne sait pas etc...

 

             Changer de méthodologie ce n'est pas seulement changer de technique, c'est aussi être capable de renoncer à un plaisir

(séduire, fasciner, se sentir celui qui sait, qui comble l'autre etc...)

pour trouver un nouveau plaisir dans la nouvelle façon de faire.

             Ce n'est pas facile, c'est prendre un risque. Il est plus simple de garder sa méthode habituelle même si à la longue elle perd de sa cohérence avec ce qui est dit.

             Le changement de technique demande un changement dans l'équilibre de la personne, (Voir formation psychologique)

 Des questions que je me pose

Est-ce que Internet va changer les modes de relations?

Quelles sont les nouvelles "normes" (règles) plus ou moins inconscientes qui apparaissent dans ces relations? (non-hiérarchie? tutoiement?...?)

Quelles sont les caractéristiques de ces relations? (éphémères? informatives? superficielles?...)

Internet ne favorise-t-il pas l'imaginaire (on s'imagine son correspondant plus qu'on ne le connaît vraiment)?

Internet ne favorise-t-il pas la "relation à distance" plus rassurante?

Que recherche-t-on? (des informations sûrement, mais quoi encore? être reconnu? montrer qu'on existe?...)

Ces relations auront-elles une influence sur les relations "classiques" (celles où on s'embrasse, se touche, vibre à une même émotion, c'est-à-dire où le corps a une place)? Est-ce qu 'elles les remplaceront? les exacerberont, au contraire, par un effet systémique?

Vos idées, vos impressions m'intéressent; j'en ferai, peut être, un autre Éditorial.

Voire

 

La salle informatique (Cafépédagogique)

 

Vos  Réactions

Adresse mail facultative

Commentaire

Réactions

<<C´est très intéressant ce que vous avez écrit sur cette conférence sur Internet et la coherence qu´il devrait avoir entre forme et fond . Je me demandais aussi une chose très semblable . Est il posible qu´un formateur donne une conférence sur didactique des mathématiques de deux heures sur comment on doit construire les connaissances en interaction et a la fin demande au public ¿quelqu´un veut poser une question? Il fait ça seulement par politesse parce vraiement il n´est pas intéressé que personne lui pose aucune question . Il semble être simplement la forme habituel de finir le conference et le public sache que au plus on peut poser un ou deux questions. Je travaille dans une academie de mathématique virtuel www.academia-universal.com alors j´ai un peu d´experience en e-learning . Avec Internet on devient plus concient de ce qu´on peut et de ce qu´on ne peut pas faire avec l´ordinateur .Internet peut nous apporter tout l´information que nous désirons et alors je crois qu´il est évident que ce que devient vraiement important ce n´est pas l´information elle seule mais l´abilité de l ´intégrer avec notre connaissances et qu`elle se transforme en significative et outile pour chacun . Avec Internet j´ai devenu plus conscient que l´apprentissage ce fait pas a pas . Quand un étudiant me demande que je lui apprenne a résoudre plusieurs exercices je lui explique et lui envoie par "mail" seulement le prémier ; j ´attends sa réponse et s´il a compris le prémier je continue avec les autres . Parce que quel valeur a t´il que je lui résoudre tous si peut être il n´a compris ni le plus simple ? C´est semblable a votre conference ... Si quelqu´un avait une doute importante au début de la conference Quel profit peut lui obtenir de la conference s´ il doit attendre deux heures pour avoir parfois l´opportunité de poser sa question ? Enseigner avec Internet m´a chanché ma point de vue quand j´entre le salon de classe . Je me réssiste a répeter ce qu´on a déjà dans les livres parce que l´information qu´on peut trouver n´importe où devient moins importante mais j´éssaie d ´intégrer des connaissances (qu´on ne trouve pas souvent dans les livres) , de les faire significatives et je pense a faire tout les choses que les élèves ne pourront pas trouver ni dans les livres ni dans Internet . Pardon pour mes erreurs de français merci pour m écrire Bien cordialement.>> Bernardo Camou (Un enseignant de L'Uruguay)

<<Quelques réactions "sur le vif", à propos des questions finales :

- "On s'imagine son correspondant plus qu'on ne le connaît vraiment"... Cela a l'air trop vrai pour être juste... Dans les "relations classiques", en va-t-il vraiment autrement ?...

- J'observe avec attention la façon dont mon fils (bientôt 14 ans) a investi Internet, autour des jeux en réseau (jeux, mais aussi chats, sites, ICQ, etc.). Je ne suis pas certain que ses "copains virtuels" soient plus "imaginaires" que ses copains "classiques". J'ai parfois l'impression contraire : moins de hasard, plus de sélection (y compris "éthique" : honnêteté dans les jeux, capacité à aider les débutants, etc.)... La "nouveauté" la plus frappante, c'est l'abolition des barrières d'âge - enfin une technique qui nous éloigne d'une des pires tares de notre "ordre" social...

- la "relation à distance" est-elle vraiment "plus rassurante" ? Là encore, ce n'est pas si simple... Cela dépend beaucoup des systèmes de valeurs des uns et des autres (et des profils psychologiques sous-jacents ?). Voir toutes les frilosités (ou pire !) que suscite l'accélération du (très ancien) processus de mondialisation... Voir, plus directement, les fantasmes parentaux récurrents du détournement de mineur par Internet !!! Relation à distance = confrontation à l'inconnu, à la frustration, à la perte, au risque...

- l'effet systémique de renforcement de relations "incorporées" est plus vraisemblable, mais j'ai l'impression qu'il est déjà à l'oeuvre : en ville, où les relations ordinaires sont plus distanciées qu'à la campagne d'où je viens, les relations amicales sont plus "proches", plus "physiques" (on s'embrasse, s'étreint...).

- Internet déplace les frontières (mais il ne les abolit pas) : dès qu'on l'investit un peu, on se retrouve dans une nouvelle "nation" : la francophonie...

- Internet substitue pour une bonne part une diffusion des informations sur un mode horizontal ... ce qui abolit tous les filtres traditionnels ou "modernes" : édition, médias, mandarinat, etc... Probablement, à terme, un "bond démocratique"...>>

<<La relation à distance plus rassurante, oui, certainement. Le fait d'être incognito aussi, l'utilisation de pseudo est monnaie courante sur le net.

Pour moi, le principal intérêt d'avoir Internet c'est de pouvoir écrire, envoyer des images et des sons en même temps à l'autre bout de la planète en 3 clics. Et la rapidité de la chose, plus besoin d'attendre 4 à 5 jours des nouvelles (plus fraîches du tout) de la famille.

J'ai une amie avec laquelle je corresponds par mail uniquement et presque tous les jours. Sans ça, elle ne m'écrirait que tous les 36 du mois et encore...>>

Rien ne remplace deux bras, des baisers, la chaleur d'un corps!Je viens de lire "des questions que je me pose" et vraiment ce sont lesquestions qui nous viennent en tête quand on déborde du cadre établi,par moi bien sur, de l'utilisation d'internet.J'ai commencé réellement à utiliser internet quand mes élèves ont commencé une correspondance avec des garçons et des filles du même âge C'est d'ailleurs le prof correspondant qui m'a fait connaître votre site. La première année, nous n'avions qu'un ordinateur par classe, les échanges se faisaient mais plus lentement et j'avais en tête un programme à voir donc priorité à l'académique. Les enfants étaient intéressés mais il n'y a pas eu de réelle base d"établie. Par contre cette année, les relations entre les enfants sont évidentes. Le contact est plus spontané et le désir de mieux se connaître est tangible. Ils ont enregistré des cassettes; entendre la voix de leur correspondant était important, tout autant qu'échanger des dessins, des cartes et même quelques petits cadeaux. On voit que les enfants ont besoin d'aller au delà du virtuel. Ils ne se posent pas trop de questions. Je me suis fait un nouvel ami. De quoi a-t-il l'air? je veux le connaître. Qu'est-ce qu'il aime, que fait-il pour se distraire? Est-ce que comme les enfants, j'ai voulu mieux connaître la personne qui faisait le même travail que moi de l'autre côté de l'océan? nous avions des intérêts communs puisque les découvertes des enfants nous fascinaient. Il me plait énormément ce monsieur de l'autre côté de l'océan. On aime lire mais pas la même littérature, les mêmes chanteurs nous ont émus et il y a le quotidien, les contraintes de la vie, les rêves et on se retrouve à raconter nos espoirs sans pudeur à son nouvel ami. Mais on est des adultes et les adultes laissent cette spontanéité aux enfants. Alors ils se posent beaucoup de questions qui ne les rendent pas toujours heureux. Cette correspondante par internet nous permet de mieux connaître les gens je pense, surtout lorqu'on se sent très attirer par eux. Dans une même ville, je crois que l'aspect physique aurait pris plus rapidement le dessus....Je ne sais pas....ce sont le plus souvent les mots que j'utilise pour expliquer ce nouveau sentiment qui est né sur internet.Voilà un peu brièvement ce que m'a inspiré votre éditorial .

Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur