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Mise à jour le 9 Juin 2010 Jusqu'à cette date ce site a reçu  3 783 666 visites

Jacques Nimier

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L'auteur

 

NON et NON ! 

          Ma première réaction en lisant les documents dévoilés par le cafépédagogique a été de me dire : NON et NON ! ce n'est pas possible. Faire pratiquement disparaître les RASED alors qu'on prêche pour l'aide aux élèves en difficulté, augmenter le nombre d'élèves par classe, c'est inconcevable si ce n'est pas fait dans un projet précis (par exemple, comme je le dis par ailleurs: augmenter le nombre d'élèves dans les 1 ères et terminales pour préparer les élèves au supérieur et les diminuer en maternelle et en CP, au moins) ou comme le dit Claude Thélot " l’idée serait qu’en même temps qu’on pèse sur la dépense publique (ce qui reste indispensable) on la réoriente un peu pour en accroître l’efficacité".

          Dans un deuxième temps, j'ai été séduit par la réaction de la PEEP " S’il est évidemment compréhensible que le ministère réfléchisse au fonctionnement rationnel de notre système éducatif car c’est bien son rôle, il ne faut pas que la logique purement mathématique prévale",(Cafépédagogique) . Effectivement la question est bien celle-là: une gestion rigoureuse d'accord ! mais dans un projet pédagogique cohérent; or jusqu'à présent nous n'avons comme dit Alain Bouvier dans son texte que des " réformettes , indescriptibles à l'étranger, à courte durée de vie et à faible ampleur de mise en œuvre".

          Dans un troisième temps, par association d'idée, j'ai repensé à cette enquête de La Croix, commentée dans Le Monde, où il est dit, entre autres " qu'un tiers des adolescents estiment aussi de leur côté que leurs parents ne savent tout simplement pas "dire non", et qu'ils sont "débordés". "Si les parents ne parviennent pas à se mettre d'accord, l'enfant prend le pouvoir", rappelle Etty Buzyn. Je suis alors frappé par ce paradoxe qui nous permet de dire facilement NON (parfois à juste titre) à des adultes, décisions institutionnelles... (NON à l'augmentation du nombre d'élèves, NON à la réforme de la formation des maîtres, NON à l'épreuve d'éthique à l'agrégation...) ; mais qui nous amène à rechercher la conciliation, le compromis, l'explication, l'évitement du conflit...avec les jeunes!

          Il semblerait pourtant, d'après l'enquête, qu'il serait peut-être plus judicieux d'apprendre à dire NON aux jeunes, parfois, et d'apprendre à négocier, faire des compromis entre adultes ! Pas facile ! Les NON dits aux décisions institutionnelles le sont collectivement, on se sent alors fort; On peut parfois, du reste, se demander à quoi, à qui on dit non à travers ce NON collectif; ceux adressés aux jeunes le sont plus personnellement et engagent davantage notre personne avec notre passé (tous ces NON que nous avons reçus ou donnés de diverses façons).

Témoignage: <<Être directeur c'est être assez fou/folle pour vouloir travailler plus, pour gagner des broutilles ! Faire des papiers, des enquêtes, des trucs, des machins... inutiles parfois. C'est se "coltiner" des RDV avec des gens qu'on n'a pas forcément envie de voir (parents emm..., représentants de tout poil ...). Il faut gérer, cadrer les "intrusions", savoir dire non, ...savoir dire oui, prendre du temps, pour écouter les uns, les autres, (personnel, association de parents...) discuter le "bout de gras" avec la mairie etc... C'est riche mais fatigant, enthousiasmant mais aussi parfois déprimant ...selon les jours, les mois, les tâches !>>

Apprendre et oser dire non

<<Oser dire non, nous apprend à nous respecter, à ne pas nous laisser entrainer dans des faux oui, qu'ensuite nous regrettons. Cette démarche nous apprend aussi à respecter l'autre, en lui permettant de mieux différencier ses besoins de ses désirs, en ne lui laissant pas croire que ses désirs sont tout puissants et vont être comblés par ceux qui l'entourent.>> par Jacques Salomé

 

Deux opinions sur l'école actuelle

Où en est l'école d'aujourd'hui ?  

<<Les difficultés relationnelles entre parents et enseignants, entre enfants et enseignants, les violences qui surgissent en permanence dans l'univers scolaires, ont fait l'objet de beaucoup de commentaires, d'explicitations et de recherches pour trouver des solutions. Je crois cependant qu'il serait possible de pouvoir faire avancer ces questionnements avec une écoute différente et de proposer ainsi une autre dynamique dans les échanges.>> par Jacques Salomé

Le contexte actuel et la forme scolaire du XXI ème siècle

Il m'est apparu que les questions principales dans l'Education Nationale sont permanentes, mais les réponses évolutives. Ce qui change, c'est le contexte. Quel est-il aujourd'hui et quelles conséquences en tirer sur la forme scolaire du XXI ème siècle ?

 

 par Alain Bouvier

Ancien Recteur, Membre du Haut conseil de l'Education (H.C.E.)

 

L'accompagnement des élèves
 Les 12 clefs du Tutorat

ou l'esprit du Tutorat  par

Albert Moyne

1/ Le premier principe, le plus important peut-être est de se dire que l'élève est toujours différent de ce qu'on attendait. Il est autre. Il n'a pas compris ce qu'on croyait avoir bien expliqué, il n'a pas fait le travail demandé ou pas de la façon attendue, il raisonne autrement que de façon logique....
 

Accompagner : la belle histoire Marie-Françoise Bonicel

Un florilège de termes se conjuguent, ramifient à partir de ce concept ou se substituent à lui selon les lieux et les champs.

Diriger, suivre, guider, tutorer, former, soutenir, coacher, superviser, étayer, cheminer avec, conduire, mener, parrainer, escorter, faire alliance, superviser, accueillir en groupe de paroles, d'analyse de la pratique ou en espaces de médiations…sans oublier l'accompagnement musical qui est censé soutenir la voix du soliste, du chœur ou du danseur, et même "le soutien au soutien" (Jacques Levine)

Accompagnement d'enfants et d'adolescents en difficulté scolaire

Durant vingt-cinq ans j'ai accompagné en CMPP (Centre médico-psycho-pédagogique) des enfants et des adolescents en difficulté, et parfois en complet échec scolaire.

Dr. Cyrille Cahen, neuropsychiatre

 
Dossier "Accompagnement"

Le concept d'accompagnement est utilisé actuellement dans bien des champs. C'est donc une bonne chose qu'il s'introduise également dans l'enseignement. C'est pour moi mettre un peu d'humain dans un contexte souvent uniquement informatif ou instructif....

 

La "déprime" des français... et des enseignants !

<<Les régionales sont à bien des égards une réplique de scrutins antérieurs, comme 2002 ou 2004, même si la défiance peut prendre des visages différents selon la conjoncture politique. Ce climat est installé depuis longtemps dans le paysage politique français. Il est caractéristique d'une société parmi les plus fragmentées et les plus inquiètes du monde développé.>> Éric Maurin (Le Monde 25/3/2010)

<<Je suis inquiet car je perçois, à travers les dossiers qui me sont adressés, une société qui se fragmente, où le chacun pour soi remplace l'envie de vivre ensemble, où l'on devient de plus en plus consommateur de République plutôt que citoyen. Cette société est en outre en grande tension nerveuse, comme si elle était fatiguée psychiquement.>> Jean Paul Delevoye (Le Monde 21/2/2010)

 

<<Il y eut quelque chose de déroutant à lire, sous la plume d'experts et par l'intermédiaire d'un rapport officiel, que la France était sous le coup d'une intense « fatigue psychique ». L'annonce eut beau faire la « une » d'un quotidien et se déplier dans de nombreux médias, elle fut assez peu commentée et ne donna pas lieu à polémique. Comme si, de fait, tout le monde savait et vivait cette fatigue sans même la force de l'interroger. Pour une historienne, cet essoufflement collectif constaté représente un véritable événement historique, une rupture fondamentale: l'annonce et le constat sont remarquables pour plusieurs raisons. Il est rare, pour parler de la nation et de ses habitants, de s'exprimer en termes psychiques pour les caractériser; par ailleurs, les historiens interprètent très rarement les siècles, les décennies ou les moments à l'aide de critères psychiatriques. D'autre part, faire de ce constat une nouvelle, une information majeure, présuppose une situation alarmante.>> Arlette FargeL'essoufflement psychique de la France est un événement historique. (Le Monde 31/03/2010)

 

Pour les enseignants, on peut voir également la description intéressante faite par Pierre Frackowiak dans le cafépédagogique. Ou encore:

<<L'enquête (réalisée par la société des agrégés) sur le moral des professeurs du second degré, intitulée " Y a-t-il un malaise enseignant ? " dresse un tableau peu reluisant du moral des agrégés, autrefois aristocratie enseignante du secondaire, et qui se trouvent mis à bas de leur piédestal.>> Le Monde (21/5/10)

<<Les problèmes de santé mentale et de souffrance psychique sont des préoccupations sociales fortes de tous les pays développés. Mais le malaise dans la société singularise la France, il constitue une représentation collective que la société se donne d'elle-même... Je crois (plutôt) que nous sommes entrés dans une crise de l'égalité à la française. C'est la part de vérité du malaise : il y a une difficulté française à fournir une réponse pratique et crédible au profond renouvellement des inégalités qui résulte des transformations de nos modes de vie...Pour être efficace, elle (cette lutte contre l'inégalité) doit commencer beaucoup plus tôt : c'est tout le sens d'une politique d'investissement dans l'accueil collectif des 0-3 ans, qui est un moyen très efficace de lutte contre les inégalités sociales, comme l'ont montré de nombreux travaux. Les activités d'éveil et de stimulation développent les capacités intellectuelles et relationnelles, favorisent la santé mentale et l'équilibre émotionnel, qui sont des atouts décisifs dans le type de société dans lequel nous vivons. >> Alain Ehrenberg : "Le malaise dans la société singularise la France" Le Monde 25/04/10

 

Quelles Maternelles voulons-nous?

On voit que les objectifs de l'école maternelle pourraient être:

- développer la capacité de contact de l'enfant avec la réalité, en particulier en lui apprenant à supporter la "frustration" (car la réalité est frustrante!) . L'enseignant doit savoir frustrer l'enfant dans ses désirs d'immédiateté et du "tout avoir": il doit le faire en fonction de chaque enfant et suivant son état. Une frustration trop importante renferme l'enfant, une trop faible l'empèche de grandir. D'où la difficulté du métier d'enseignant !

- développer les divers modes de relations de l'enfant dans le groupe par le jeu, la création de situations diverses qui stimulent l'enfant et lui permettent de vivre des relations de modes différents; et par la relation individuelle que l'enseignant établit avec lui.( Voir: Le jeu à l’école maternelle Anne-Marie DOLY). Ne pas répondre à son agressivité par de l'agressivité, savoir manifester des émotions, de la tendresse, de la colère pour lui faire connaître des régistres de relation auxquelles il pourra faire appel par la suite....

Qu'est-ce-que la dépression?

Qu'il s'agisse des changements dans l'école, des crises dans la société, nous ne sommes pas à l'abri de leurs effets sur notre moral, sur notre psychisme.

Ce n'est pas parce que nous sommes influencés par ce qui nous entoure (imaginaire collectif) que nous sommes "malades" et le risque de "médicalisation" existe; Or il y a parmi les enseignants "une population en situation professionnelle dramatique et en grande souffrance personnelle : sentiment d’être en danger, incapacité à gérer ses tâches, déni de reconnaissance, absence de régulation, difficultés relationnelles." comme le remarque une enquête du SGEN. Il est bon d'y voir plus clair sur les différentes formes de la "dépression".

 

La passion évaluative

          Le mois dernier j'ai assisté à un colloque organisé par la Nouvelle Revue de Psychosociologie sur "La passion évaluative" et j'ai pensé que ce thème nous concernait tous, nous enseignants. Bien sûr, nous n'avons pas en tête tout ce que disent ces chercheurs quand nous mettons une note sur un devoir d'élève, mais n'est-il pas important par moments de prendre un peu de recul par rapport à nos gestes quotidiens?

         Et comme le dit, très justement, André Lévy dans son texte plus loin: <<les pratiques d'évaluation deviennent de plus en plus généralisées, tendent à envahir tous les domaines de la vie et toutes les institutions, - entreprises, administrations, politiques publiques et sociales, institutions de santé et d'enseignement,… Tout est ainsi objet d'évaluation, et tout le monde évalue en permanence les personnes, les biens, les services… Mises en œuvre au nom d'une certaine rationalité, ces pratiques se heurtent cependant à de nombreuses critiques qui dénoncent la façon dont, en instituant un réseau serré de contraintes et de normes, elles sclérosent les comportements et inhibent toute initiative innovante... >>.

          Ici, j'ai depuis longtemps dénoncé cette "évaluation impossible et pourtant nécessaire" en présentant, en particulier, les résultats des recherches en "docimologie" (document que j'ai rédigé avec une équipe d'enseignants en 1976 ! ); mais comme je le disais alors: <<Les expériences existent depuis bien longtemps, mais tout se passe comme si elles n'avaient jamais eu lieu. Soit on ne les connaît pas, soit on n'y "croit pas" ! >>. Les grand médias, eux- mêmes, s'emparent du sujet: voir 'Le nouvel obs" du 25/03/10. Certains syndicats aussi : "Il faut en finir avec l'accumulation des évaluations pour les élèves et l'accumulation des tâches pour les enseignants" (SGEN). Et pourtant rien ne change ! Pourquoi?

           Pourquoi ces demandes et ces résultats, tellement "rationnels" et "évidents" n'ont-ils jamais modifié les comportements et encore moins les attitudes des enseignants et des responsables? C'est une preuve de plus que le "rationnel" n'est pas suffisant pour amener des changements: nous sommes pris dans un imaginaire collectif , comme dans les rets d'un filet, et cela nous contraint sans que, pour la plupart du temps, nous en ayons conscience. Cet état n'est peut être pas sans rapport avec la "déprime" des français, (voir plus haut); de trop nombreuse contraintes, jugées parfois abusives, peuvent devenir, en effet, sources de dépression.

          Il est donc important de chercher ce qui empêche tout changement dans les pratiques d'évaluation et il pourrait être utile d'analyser cet imaginaire collectif qui nous conditionne, pour nous en départir au moins un peu.

          Dans le domaine de l'évaluation André Lévy et Roland Gori proposent des interprétations à propos de ces difficultés de changement. Sans forcément adhérer à tout ce qui est dit, ces textes permettent de voir à quelle profondeur se situe la complexité de la tâche qui consiste à faire évoluer nos pratiques.

          Mais les faire évoluer vers quoi? André Lévy suggère de trouver un espace de liberté pour introduire une "évaluation comme accompagnatrice de la création de valeur que l'œuvre réalise", et comme"va et vient permanent entre l'analyse et le faire, entre le dedans et le dehors, entre l'engagement et la distanciation". Autrement dit, peut être, envisager l'utilisation de notes provisoires, évolutives, objets médiateurs permettant des paroles entre l'enseignant et l'élève et non "fin en soi" ou "étiquette".

          Dans un registre plus humoristique, mais tout aussi profond, Marie Françoise Bonicel cherche à distinguer les "évaluations mal-faisantes qui morcellent, des évaluations bien-faisantes créatrices de liens".

Enfin on pourra lire, à propos des états généraux sur la sécurité à l'école un nouveau texte de Jacques Salomé sur des violences qu'on oublie et dont on ne parle guère, "Les violences invisibles" et voir ou revoir "Le dossier sur la violence à l'école" qui est la page la plus regardée de ce site après l'index.

 
Les enjeux sociaux occultés de l'évaluation

par André Lévy
Professeur émérite en psychologie sociale, Université de Paris 13. Ancien président du CIRFIP (1993-2003). Membre du Comité de Rédaction de la Nouvelle Revue de Psychosociologie.

DOMAINES d'INTERVENTION et de RECHERCHE: Théories des organisations et des institutions. Problématique du changement, enjeux politiques et éthiques de l'intervention clinique, en psychosociologie notamment

Les scribes de nos nouvelles servitudes

par Roland Gori
Psychanalyste, Professeur de Psychopathologie Clinique à l’Université d’Aix- Marseille. Un des responsables de:
"L'appel des appels"

 

Évaluation mal-faisante qui morcelle ou évaluation bien-faisante créatrice de liens? (Marie-Françoise Bonicel)

<<Il me semble que dans mes plus lointains souvenirs, je devais porter à l'égard de l'évaluation une certaine suspicion. Mon enfance me laisse des traces de ma perplexité d'alors face aux images évocatrices de la pesée des âmes. Le jour du grand soir celles-ci devaient être dirigées vers les lieux adaptés : Paradis ou Enfer, sans compter ces inquiétantes zones grises que constituaient le Purgatoire et les Limbes. Enfant, je pressentais déjà que ce dispositif répondait plus au confort des parents et des éducateurs qu'aux visées d'un Dieu, que l'on prétendait par ailleurs bienveillant et indulgent...>>

Un dossier sur l'évaluation

Avec quels mythes vivons-nous quand nous abordons l'évaluation? Nous désirons la justice, la justesse de nos décisions: le concours identique pour tous, sur tout le territoire, l'examen anonyme, le barème commun. C'est ce désir qui conditionne le nombre important de concours (C.A.P.E.S, Agrégation...), c'est ce désir qui fait recommencer le concours d'agrégation si quelques étudiants arrivent en retard dans un des lieux d'examen...

  
  
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